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Thulé -Société de (24/08/2022) -Y aller-

 

Goulag

- Publication du 31/01/2023 -

Le Goulag était l’organisme central gérant les camps de travail forcé en Union soviétique. C'est un acronyme apparu dans les années 30 et formé d'après le russe Glavnoïé oupravlenie laguereï, qui signifie « Administration principale des camps ».

Le terme de Goulag est parfois utilisé pour désigner un « camp correctionnel de travail » mais il s'agit d'un abus de langage, l'appellation d'un tel camp étant « camp du Goulag ». Considérés comme caractéristiques du régime soviétique, les camps de travail du Goulag ont détenu en nombre les victimes du système totalitaire soviétique : outre des criminels de droit commun, y ont été également enfermés des dissidents et des opposants réels ou supposés de toutes sortes. Le nombre de camps a varié, culminant en URSS à plusieurs MILLIERS qui étaient regroupés en 476 complexes à la mort de Joseph Staline, en 1953. Un grand nombre de camps se trouvaient dans les régions arctiques et subarctiques ou en Sibérie.

Le Goulag, un bon exemple de "flou" historique

Pour reprendre les propos d'un cowboy célèbre, les faits historiques se divisent en deux cgroupes, ceux qui ne sont pas contestés (ou à la marge) comme par exemple qu'une armada anglo-américaine a débarqué en Normandie le 6 juin 1944 ou que Louis XIV a règné 72 ans sur la France et ceux qui ne font pas consensus comme par exemple les bienfaits/méfaits de la colonisation ou le déroulement du meurtre du Président Kennedy. Si l'existance du Goulag fait parti de la première catégorie, les détails le concernant font incontestablement partis de la seconde.

En effet, selon certains historiens, environ 20 millions de personnes séjournèrent dans les camps du Goulag (et environs DEUX million de détenus y seraient morts, victimes de maladies et de traumatismes provoqués par la faim, l'épuisement et le froid, ou sous les balles des gardiens). Pour d'autres le nombre de détenus se limite à "quelques millions" entre 1934 et 1953 et il y aurait eu moins d'un million de victimes, ce chiffre venant principalement des années de guerre 1941-1945 imposées à l'URSS par l'invasion allemande, donc étant in fine de la responsabilité des nazis. Un tel écart, qui n'est pas sans rappeler le comptage des manifestants de nos jours, ne peut être que le résultat d'une mauvaise foi appuyée pour au moins un des deux partis (souvent les deux...).

En 2004, l'ONG russe de défense des droits de l'homme Memorial a publié, après dix ans de recherches, un CD-ROM contenant les noms d'1,3 million de victimes de la répression stalinienne. Elena Jemkova, directrice exécutive de 'Memorial', estime qu’il y a eu au moins dix fois plus de victimes : « Pour terminer ce travail, il nous faudrait logiquement encore cent ans de recherches ! À ce jour, nous avons répertorié sur nos cartes seulement 1 % des cimetières du goulag, éparpillés sur tout le territoire russe. ». Malheureusement l'association s'étant mélé de politique contemporaine elle a été dissoute en décembre 2021, ce qui laisse son très interessant travail mémoriel en suspens.

Informations d'époque

A l'échelle historique, le Goulag date d'hier, il est donc assez étonnant de voir de tels écarts et on peut penser que des documents vont rapidement nous éclairer si on se donne la peinde de chercher. Mais rapidement on se rend compte que dès l'origine, il existe des divergeances majeurs découlant clairement d'un affrontement idéologique qui n'a jamais cessé. Pendant toute la guerre froide, l'existence de lieux de détention en URSS, comme dans tout autre pays, était admise mais celle du Goulag en tant que réseau massif de camps de travaux forcés utilisé pour la répression politique était niée non seulement par les autorités soviétiques mais aussi par la presse communiste internationale, y compris par des historiens universitaires reconnus et par des écrivains ou journalistes comme en France, Louis Aragon, Jean Bruhat, Jean Bruller, Pierre Courtade, Pierre Daix, Roger Garaudy, Fernand Grenier, Jacques Jurquet, Louis Martin-Chauffier, Claude Morgan ou André Wurmser. Les témoins, tels Jacques Rossi, David Rousset, Boris Souvarine ou Alexandre Soljenitsyne étaient considérés par ces auteurs comme des agents d'influence de la CIA ou des affabulateurs mus par un anticommunisme « viscéral ». La publication en 1973 de L'Archipel du Goulag d'Alexandre Soljenitsyne marque cependant à ce sujet un tournant. Le terme Goulag et la thématique concentrationnaire du régime soviétique deviennent alors de notoriété publique, mais sans impliqué la moindre différence d'attitude de part ou d'autre.

La recherche historique ne put commencer qu'après la dislocation de l'URSS et l'ouverture partielle des archives mais le débat continua à être miné par des polémiques entre antisoviétiques qui forçaient le trait du carnage et prosoviétiques qui au contraire minimisait chaque point le plus possible, laissant l'impression de quelques bavures comme partout ailleurs. S'ajouta à celà un débat sur le fait que certains se livrèrent à des comparaisons entre les camps de concentration nazis et les camps soviétiques, soulignant que le Goulag, observé par les officiers de la Reichswehr allemande en manœuvre en URSS pour contourner les interdictions du Diktat de Versailles, a pu techniquement servir de modèle aux camps de concentration allemands : même disposition intérieure des baraquements et des camps, mêmes rythmes de travail, même utilisation économique, mêmes méthodes d'arrestation, d'interrogatoires et de transport des prisonniers, et une similitude idéologique dans la définition préalable d'une « humanité nouvelle délivrée de toute aliénation bourgeoise » d'un côté, et d'un « ramassis de parasites, de nuisibles, de corps étrangers au peuple » de l'autre.

Historique

Le concept du camp de concentration n'est ni une invention allemande ni une invention russe mais c'est une trouvaille brittanique lors de la seconde guerre des Boers en Afrique du Sud (1899-1902) dénommée alors "Camps d'internement". Les premiers camps soviétiques sont créés au cours de la guerre civile russe (1918-1921). Trotski puis Lénine décident d’utiliser des « camps de concentration » en reprenant l’infrastructure des camps de prisonniers de guerre des tsaristes. L'idée originelle de ces camps est d'être un remplacement à la prison bourgeoise qui, selon la propagande communiste, conduit à la dégradation de l'individu et empêche sa réinsertion, alors que le goulag est sensé favoriser la rééducation par le travail collectif.

La Terreur rouge expédie alors dans les camps (principalement dans les Îles Solovki au début) un total de 150 000 à 400 000 personnes qualifiées d’« ennemis du peuple » : mencheviks, « contre-révolutionnaires », membres « déviationnistes » du parti communiste, victimes de l’épuration politique. Les catégories arrêtées par la Tchéka sont dès le départ très floues et aléatoires : la qualification « ennemi de classe » est employée de manière arbitraire, comme sous la Terreur de la Révolution française.

Le renforcement du pouvoir de Staline à partir de 1927 aggrave la situation. La collectivisation et la planification de l’économie marquent un « grand tournant » dans l’histoire soviétique. Le régime passe à une répression systématique et organisée, transférant à la police politique les prérogatives pénitentiaires nécessaires à sa transformation en acteur clé de l'industrialisation et de la colonisation intérieure du pays. Le camp de prisonniers devient une institution économique rentable qui va permettre de tirer parti des immenses ressources du pays qui se trouvent dans des zones hostiles ou personne n'irait travailler volontairement. Afin de stimuler la production, les rations alimentaires sont dès lors distribuées en fonction du travail effectué.

Par un décret officiel en date du 7 avril 1930, Staline et ses collaborateurs fondent l’institution que l’on connaît sous le nom de Goulag. Des camps sont ouverts en Russie d’Europe et en Sibérie, en Biélorussie, Ukraine, Kazakhstan, Mongolie, et plus tard en Tchécoslovaquie, Hongrie et Pologne. L’industrialisation rapide voulue par Staline donne lieu à des erreurs qui sont imputées aux « saboteurs » de toutes sortes. Il fallait montrer à l’opinion publique qu’il y avait des ennemis du peuple, expliquer aux Soviétiques, pourquoi, vingt ans après la victoire de la plus grande révolution mondiale, ils vivaient dans cette misère. Le stakhanovisme ne supporte aucun échec et les ouvriers qui ne travaillent pas assez sont envoyés au Goulag. De même un responsable de Police qui ne trouverait pas assez de "coupables" deviendrait vite suspect de tiédeur et finirait au... Vous avez compris le principe ! De là découle beaucoup d'arrestations arbitraires ou pour des causes ridicules (avoir posé une veste sur un buste de Lénine parce qu'il n'y avait pas de porte-manteau dans la pièce ou avoir enveloppé du poisson dans un journal contenantr une photo de Staline). Le système concentrationaire ne cessera de grossir, les années qui suivent la Seconde Guerre mondiale marquant son apogée.

Nikita Khrouchtchev succède à Staline de 1953 à 1964. Il amorce la déstalinisation, condamnant surtout le caractère dictatorial et répressif du pouvoir stalinien. Le temps de travail est réduit et les camps spéciaux supprimés. Plusieurs complexes de travail sont démantelés. Surtout, des amnisties de masse sont prononcées : ainsi le 27 mars 1953 1,2 million de détenus sont libérés. On réhabilite des centaines de milliers de personnes. Mais ceux qui sortent des camps ont du mal à retrouver une vie normale par manque d’argent, et subissent la méfiance des autres citoyens, qui craignent d'être eux-mêmes arrêtés s'ils fraternisaient avec d'anciens « ennemis du peuple ».

En 1958, le Goulag est rebaptisé « colonie de redressement par le travail », et placé cette fois-ci sous la tutelle du ministère de la Justice de l’URSS. La direction centrale des camps est dissoute. Mais il faudra attendre l’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev (1990) et la glasnost pour que tous les camps de prisonniers politiques soient fermés. Des milliers d’opposants sont libérés des hôpitaux psychiatriques.

La vie au Goulag

Le Goulag impose deux formes majeures d’enfermement et de contrainte au travail : premièrement, le camp, où une « zone de résidence » (ou simplement « zone »), composée de baraques, ceinte de barbelés et gardée de miradors, est adjointe à une « zone de production », où travaillent les détenus (puits de mine, usine, etc.). Ces unités sont groupées dans des complexes pénitentiaires qui comptent aussi des hôpitaux, des prisons, des camps de transit, une administration et enfin les infrastructures productives qui justifient leur implantation. Les grands complexes comptent plusieurs dizaines de milliers de prisonniers.

Le processus de déshumanisation des victimes commence avec les conditions de déportation. Les présumés coupables sont rassemblés et jetés dans des wagons à bestiaux, pour être acheminés, après un long parcours, à plusieurs milliers de kilomètres de leur lieu de résidence. Le trajet s'effectue dans le plus grand secret. Le train s'arrête dans des gares secondaires et prend des voies de garage.

Les camps sont des unités souvent extrêmement isolées où le chef de camps peut facilement se muer en petit tsar. L’humiliation des détenus est systématique : fouilles nocturnes, mises à nu devant des soldats hilares ou encore enfermements dans des latrines. Les brimades cherchent d'abord et avant tout à détruire toute velléité de résistance physique ou psychique. La mort devient normale, elle appartient au quotidien et est parfois attendue comme une libération.

Si vous devez faire un travail pour lequel vous n’êtes pas qualifié, ou bien pour lequel vous êtes trop faible parce que mal nourri, mal vêtu et que nous n'y parvenez pas, le lendemain, vous recevez une ration de pain un peu moindre pour vous punir. Après ça, votre rendement baisse encore, vous recevez alors une plus petite ration jusqu’à ce que vous creviez de faim. Il n’y a rien à faire, il ne peut pas y avoir de miracle. Les prisonniers très mal vêtus. Les vêtements étaient en coton, doublé. En hiver, lorsqu’il faisait entre moins vingt et moins quarante degrés, il fallait toujours travailler, car dès que l’on s’arrêtait, on gelait. Toutes les deux heures, les prisonniers avaient le droit de se chauffer pendant cinq minutes près d’un feu.

Le système fonctionne ceci dit. Pour le canal de la mer Blanche, on creuse 227 kilomètres, dont 40 taillés dans la roche. Sans camions, sans engins mécaniques, sans machines qui gèlent. Des voies ferrées apparaissent, des routes, des villes. Avant la Seconde Guerre mondiale, à la Kolyma, qu’il faut des semaines pour atteindre, à l’extrême nord-est du continent, on produit 50 tonnes d’or par an.

Conclusion

La chose à retenir, c'est qu'à partir du moment où il n'y a pas un concesus fortement majoritaire sur un sujet historique, il vaut mieux ne pas s'emballer et étudier la question en gardant à l'esprit que statistiquement la vérité à toutes les chances de se trouver entre les deux positions. Toujours regarder aussi les liens entre le sujet et les gens qui défendent les différentes positions. Que des communistes tentent d'adoucir au maximum le sujet délicat du Goulag, ça semble logique, que des anti-communistes essaient de noircir encore plus une structure qui n'a pas besoin de l'être, c'est tout aussi logique. Parfois les choses sont moins faciles, par exemple quand un des deux "camps" a disparu (L'hitoire est écrite par les vainqueurs, ne jamais oublié ça !). Et dites vous bien aussi que si vraiment les gens qui ont le pouvoir ne veulent absolument pas qu'on étudie un sujet historique, ils ont de nombreuses possibilités de le faire allant de l'absence de subvention à l'interdiction légale pur et simple, cette dernière méthode étant rarement utilisée et seulement quand il n'y a aucune autre solution d'éviter qu'un mensonge ne soit publiquement révélé au plus grand nombre car elle manque clairement de subtilité et ressemble vraiment à un aveux !

Thulé (Société de)

- Publication du 24/08/2022 -

La société de Thulé naît en 1918 à Munich. Il ne s’agit pas d’une société secrète mais d’une société élitiste défendant l’idée d’un retour au paganisme germain et d’une revalorisation des métiers de la terre. La société de Thulé est opposée au surdéveloppement de la finance et est donc assez naturellement opposés aux juifs qui sont très présents dans le système financier de l’Allemagne de l’époque.

Le recrutement se fait par cooptation et touche principalement le milieu aristocratique, les grands patrons, les industriels. Il y a une sérieuse enquête afin de s’assurer que le futur membre correspond aux idéaux politiques et raciaux de la société.

La croyance populaire veux souvent que la société de Thulé ait créé le parti Nazi. Certains vont même jusqu’à dire qu’Hitler n’était qu’un pion qu’ils auraient placé à la tête du pays afin que la société de Thulé puisse diriger dans l’ombre. Nous allons tenter d’y voir plus clair...

Origine du nom de Thulé

Le mythe de Thulé remonte aux grecs (Les Hyperboréens) et fait référence à de mystérieuses terres situées loin au Nord, au-delà des territoires connus. Les Hyperboréens étaient pour les grecs un peuple mythique très avancé en terme de connaissances.

Ces mythes grecs sont « confirmés » (notez les guillemets) par le récit de Pythéas de Marseille vers 400 av JC. Pythéas a navigué jusqu’en Angleterre et selon ses dires plus au nord. Thulé est le nom donné par lui à une île qu'il présente comme la dernière de l'archipel britannique et qu'il est le premier à mentionner.

Les gens de la Société de Thulé se réfèrent aussi aux textes de Virgile, les Géorgiques, qui associent les Hyperboréens à un peuple qu’il nomme le peuple mégalithique, peuple qui aurait dans un lointain passé pu déplacer des pierres énormes (Carnac, Stonehenge…) dans un but qui reste bien mystérieux.

Au 6ème siècle, Procope de Césarée dit à propos de Thulé : « Cette île est dix fois plus grande que l'Angleterre, et en est assez éloignée. Du côté du septentrion, la plus grande partie est déserte. La partie qui est habitée contient treize peuples, commandés par autant de rois. Il y arrive une chose merveilleuse. Tous les ans vers le solstice d'été, le soleil paraît quarante jours continus sur leur horizon ; six mois après ils ont quarante jours de nuit, qui sont pour eux des jours de douleur et de tristesse, parce qu'ils ne peuvent entretenir aucun commerce ». Visiblement il parle du Groenland... Durant l'époque médiévale, Ultima Thule sera parfois utilisé comme le nom latin du Groenland alors que Thule désignait l'Islande.

Goethe va apporter beaucoup d’eau au moulin de la société de Thulé. Il compose le poème Der König in Thule (Le Roi de Thulé), en 1774. Dans ce texte il relie le mythe des Hyperboréens avec celui de l’Atlantide. Du coup les germains actuels seraient les descendants du fameux peuple atlante qui vivait sur l’île de Thulé très loin dans le Nord jusqu’à ce que leur terre soit frappée par un cataclysme et s’effondre dans l’Océan.

Thulé, terre toujours verte et féconde, était peuplée de femmes très belles et instruites dans l'art de la magie, d'hommes puissants dont la science était celle des initiés aux grands secrets du monde. Certains d'entre eux, ayant échappé au cataclysme, se seraient séparés en deux groupes : celui « de la main droite sous la roue du soleil d'or », qui a choisi la voie de la contemplation, et celui « de la main gauche sous la roue du soleil noir », qui recherche la puissance en captant les forces terrestres. Cette légende a conservé sa force jusqu'à nos jours chez les peuples germaniques. Goethe et Wagner s'en sont inspiré et Gérard de Nerval a traduit de Goethe la Ballade du roi de Thulé pour la Damnation de Faust de Berlioz.

Thulé et la Croix Gammée

Des documents de 1919 montrent très clairement que la société de Thulé utilisait la croix gammée pour sa symbolique alors que le parti Nazi n’existait pas encore ! Cette croix gammée symbolisait le domaine du paganisme pangermanique. L’épée était le symbole du romantisme guerrier lié aux peuples germaniques.

Cette année 1919 est intéressante car elle marque le premier lien historique avéré entre Thulé et le nazisme. En effet cette année là, Karl Harrer, membre de la Société de Thulé fonde le Parti des Travailleurs Allemands (DAP) dont il devient le Président. Le DAP n’ayant pas de fonds propres, c’est la société de Thulé qui va imprimer ses tracts et son journal. C’est ce même Harrer qui, plus tard, fera intégrer la DAP à Adolf Hitler qui ne tardera pas à prendre le contrôle et renommer le parti en NSDAP (Partie des Travailleurs Allemands Nationaux Socialistes). Tout ceci est donc pour le moment bien compatible avec l’idée que la société de Thulé ait créé le nazisme...

Rudolf von Sebottendorf

Si c’est bien Karl Harrer qui crée le DAP, qui a créé la société de Thulé ? Son fondateur est un bien étrange personnage, né en Saxe en 1875 et s’intéressant très jeune à l’ésotérisme sous diverses formes (Astrologie, Numérologie, Alchimie, Théosophie…), qui porte le nom de Rudolf Glauer.

Établi en Turquie en 1908, et naturalisé Turc en 1911, il fut initié au sein d'une confrérie musulmane soufie des Bektachi (la branche ésotérique de l’Islam) et rentre en parallèle dans une loge franc maçonne turque. Glauer revint en Allemagne vers 1913 sous le nom de Baron von Sebottendorf. Arrêté pour fausse identité, il prétendit avoir été adopté en Turquie par un certain Baron Heinrich von Sebottendorff. Il s'installa à Munich en octobre 1917 et y loua le 1er juin 1918, à l'hôtel des Quatre Saisons, cinq grandes salles pour sociétés, que venait de libérer un club sportif. C'est dans cet hôtel que fut fondée au cours de l'été 1918, la Société de Thulé.

Il prétend fonder la dite Société dans un but de recherches ethnologique et ésotérique, désireux de réunir des gens ‘cultivés’ (comprendre ‘riches’) et intéressés par ces sujets. Mais il est assez clair qu’il ne pouvait pas être seul dans ce projet, il n’est que la façade publique de quelque chose qui souhaite rester caché... Sebottendorf va d’ailleurs rapidement perdre le contrôle de ‘sa’ société. Lui ne souhaite pas s’engager sur la voie politique mais ses membres, même s’ils partagent son intérêts pour l’ésotérisme souhaitent aussi (surtout?) avoir une action plus concrète sur l’évolution de l’Allemagne en s’opposant à la République de Weimar et en appuyant l’antisémitisme pour lutter contre le pouvoir grandissant des financiers.

En Avril 1920 Sebottendorf est accusé de négligence et préfère fuir en Suisse puis en Turquie. Il reviendra en janvier 1933, espérant pouvoir retrouver un rôle maintenant que les Nazis ont le pouvoir. Mais il écrit alors très maladroitement un livre intitulé « Avant qu’Hitler ne vienne » dans lequel il cherche à se poser, tout comme ‘sa’ Société de Thulé, en précurseur du NSDAP. De Thulé seraient sortis, selon ses dires, outre la Milice civique de Munich et le corps franc d'Oberland, rien de moins que le parti nazi ! Les prétentions de Sebottendorf agacent bientôt Hitler : il est arrêté, et son livre interdit. Brièvement envoyé en camp de concentration. Afin de l’éloigner de l’Allemagne, Sebottendorf est nomme consul en Turquie. Installé à Istanbul, il travaillera pour les services secrets allemands pendant la Seconde Guerre mondiale.

Sebottendorf se serait suicidé en se jetant dans le Bosphore en 1945, mais une source affirme qu'il aurait été retrouvé par les services secrets britanniques et aurait fini sa vie en 1950 en Égypte. Mystère sur ce point. Une chose est sure, Sebottendorf n’avait pas la carrure pour monter une société « secrète » afin d’aider à lancer un parti politique comme le NSDAP. Tout semble au contraire indiquer qu’il a été utilisé et qu’il ne s’est pas montré à la hauteur de sa tâche d’où son éviction en 1920. Mais utilisé par qui ? Et pour faire quoi ?

Le mouvement Volkish

Depuis le milieu du 19ème siècle, il existait un fort courant de pensée en Allemagne, le mouvement « Volkish ». Ce mot est très difficile à traduire en français, il se situe entre « populaire » et « ethnique ». Ce mouvement critiquait l’industrialisation et le modernisme à outrance et faisait la promotion de la spiritualité pangermaniste. Ses membres voient dans le Saint Empire Germanique, aussi appelé Premier Reich, une sorte d’Age d’Or.

Les penseurs Volkish expliquent que chaque peuple génère une égrégore (Volksgeist – Âme du Peuple), raison pour laquel les Volkish voit d’un très mauvais œil le métissage. Le mouvement est très favorable aux médecines douces (mais se méfie de la médecine « industrielle »), au végétarisme et au naturisme (Le corps doit être respecté, nourri sainement et stimulé).

C’est au sein des mouvement Volkish que naît dès 1873 l’idée d’une déportation lointaine des juifs qui possèdent une égrégore particulièrement malfaisante pour les autres peuples (de plus 85 % des Volkish sont des chrétiens qui n’oublient pas que les juifs ont fait tuer le Christ).

Un ésotériste Volkish, Guido von List, développe tout un concept à destination des 15 % de Volkish qui ne sont pas chrétiens et souhaitent accéder aux anciennes religions nordiques. Cette ensemble de règles utilisant les runes donne naissance à une nouvelle religion, le Wotanisme. Il est le premier à utiliser en Europe de l’Ouest la Swastika comme symbole. Himmler le citera régulièrement par la suite et les nazi feront grand usage de son imagerie nordique et runique.

Dernier point important, essentiel même, au sein des mouvements Volkish, il se développe assez vite le concept de l’attente d’un homme extraordinaire, un guide (Führer) qui viendra guider le peuple allemand pour la mise en place d’un nouvel Empire Aryen (Reich). Afin d’accélérer sa venue, Theodor Fritsch crée en 1912 l’Ordre des Germains et prend pour symbole principal le svastika dextrogyre mise en avant par von List. L’ordre des Germains est une société secrète qui n’accepte comme membre que des aryens. Le mouvement prône la déportation des Juifs et la mise au pas des anarchistes, tsiganes et autres « ennemis de la nation allemande » ainsi que l’éradication du communisme vu comme une création des juifs pour couper les peuples européens en deux puisque la majorité des dirigeants bolcheviques sont juifs. Les cérémonies se font sur fond de musique wagnérienne avec des casques à corne et des drapeaux à croix gammées. Pour aider au financement de l’ordre, un membre nommé von Sebottendorf à l’idée de créer une société publique élitiste mettant en avant certaines idées, ce qui donnera naissance à la Société de Thulé. La boucle est bouclée.

Conclusion chronologique

Si on reprend les choses dans l’ordre, on a donc en Allemagne au début des années 20 un mouvement Volkish fort en nombre mais totalement déstructuré. Certaines idées que vont reprendre les nazis sont déjà largement partagées par une majorité de la population mais il n’existe aucune structure politique qui correspond pour en profiter ou les porter.

De là est fondée une société secrète, l’Ordre des Germains qui va regrouper des gens dont le but est d’influencer l’avenir. Cette société secrète se compose comme le mouvement Volkish d’une majorité de chrétiens conservateurs et d’une minorité de pangermanistes païens. La société secrète fonde une société publique, la Société de Thulé, afin de faire passer ses idées politiques dans le monde des puissants. Le fondateur choisi parmi ses membres, von Sebottendorf, étant versé en ésotérisme, il espère bien pouvoir utiliser aussi la société de Thulé dans ce domaine.

Un autre membre, Karl Harrer, monte un petit parti politique, le DAP qui bénéficie des moyens financiers et des imprimeries de la Société de Thulé pour se faire connaître. Ils trouvent bientôt un orateur extraordinaire, un certain Caporal A. Hitler. Le fait est que cet orateur n’est vraiment pas attiré par le côté ésotérique alors l’Ordre des Germains décide de le laisser faire certains changements, leur but premier étant politique.

Très vite Hitler va décapiter la Société de Thulé. Les rares membres de la Société qui sont aussi proches de lui, comme Alfred Rosenberg ou Rudolf Hess, se gardent bien de défendre la Société de Thulé à ce moment là. Hitler est un pragmatique, il n’a aucun intérêt pour l’occulte et il sait que la majorité des allemands sont chrétiens, son parti ne versera donc pas dans l’ésotérisme et respectera au moins en apparence la foi chrétienne. L’ordre des Germains triomphe, leurs idées vont enfin accéder au pouvoir en 1933.

Pourtant un obscur porte drapeau, passionné d’Ésotérisme qui n'a jamais été membre d’aucune des diverses société que nous avons croisé, va profiter de cette révolution politique pour devenir étape après étape le second homme le plus puissant du régime et il utilisera alors son immense pouvoir pour procéder à des recherches dans tous les domaines archéologiques ou ésotériques. Son nom est Heinrich Himmler mais il sera l’objet d’un autre texte...

Autocensure 01

- Publication du 16/05/2022 -

Il y a un domaine du "complotisme" particulièrement intéressant, c'est celui des civilisations disparues. S'affrontent ceux qui pensent que rien n'est mystérieux, qu'on pourrait refaire les pyramides en claquant des doigts avec nos moyens modernes et ceux qui pensent à l'inverse qu'on a loupé une info capitale dans le passé et que seul un "complot" peut expliquer l'aveuglement des archéologues pour toutes les anomalies qui existent. A travers plusieurs exemples, je vais vous montrer qu'il existe une possibilité que les deux aient tord ! Comme notre thématique de la saison est le Brésil, je prendrais comme premier exemple l'Amazonie.

Comme le reste des Amériques, l’Amazonie n’est entrée dans la conscience européenne qu’au 16ème siècle. Ce n’était pas la cible initiale. Le Mexique et le Pérou ont été frappés les premiers, leurs armées défaites, leurs richesses pillées. La rumeur de civilisations exotiques nanties d’or cachées dans les jungles au-delà de la cordillère des Andes a commencé à se répandre, suscitant la cupidité des Espagnols. En février 1541, Francisco de Orellana et Gonzalo Pizarro (le frère du célèbre Francisco Pizarro qui a conquis le Pérou) se sont donc enfoncés dans l’inconnu à l’est de Quito.

À la tête d’une force de plus de deux cents soldats espagnols, Orellana et Pizarro sont descendus des Andes. Se frayant un chemin à coups de machette dans une jungle de moins en moins praticable et affrontant des tribus hostiles, ils ont fini par atteindre les rives du río Coca, un affluent du río Napo, lui-même un affluent du grand et majestueux Amazone. De là, impossible d’aller plus loin par voie de terre. Jusqu’ici les conquistadors n’avaient pas rencontré les richesses infinies de l’Eldorado, seulement la maladie et la famine. Ils ont donc construit un bateau de taille respectable, le San Pedro, sur lequel, suivant les ordres de Pizarro, Orellana a embarqué avec un contingent de cinquante hommes dans le but de débusquer et de razzier des villages locaux à la recherche de nourriture.

Leur accord prévoyait qu’Orellana revienne au bout de douze jours avec tous les vivres qu’il aurait pu rassembler. Malheureusement, ils n’avaient pas tenu compte des forts courants de l’Amazone, et bientôt le San Pedro s’est retrouvé entraîné à des centaines de kilomètres de son point de départ, et la perspective d’un retour à contre-courant paraissait pour le moins improbable. Du reste, quand bien même Orellana et ses hommes auraient réussi à remonter le fleuve à la rame sur leur embarcation rudimentaire, il n’est pas du tout certain qu’ils aient pu retrouver Pizarro à travers ce labyrinthe de bras de rivière entrelacés où chaque embouchure ressemble comme deux gouttes d’eau aux autres.

Ils ont donc décidé de continuer, devenant malgré eux les premiers Européens à descendre l’Amazone de bout en bout et à traverser l’Amérique du Sud d’ouest en est. Pour cette raison, il est heureux qu’Orellana et sa bande de mercenaires aient été accompagnés par frère Gaspar de Carvajal, moine dominicain instruit et sensible, qui a tenu un journal tout au long de ce périple désespéré. Il s’y décrit lui-même comme « un homme à qui Dieu a voulu donner une part de cette découverte, si nouvelle et jamais vue, telle que l’est celle dont je vais parler plus loin ».

Au-delà de ses descriptions des risques et des dangers de leur aventure, la grande valeur historique du journal de Carvajal réside dans le tableau étonnamment contre-intuitif qu’il dresse de cette vaste et complexe Amazonie. Les expéditionnaires ont certes traversé des régions entières livrées à la nature sauvage où ils ont souffert de mille maux, des centaines de kilomètres de rives sans croiser ni hommes, ni animaux, ni cultures. Mais nous découvrons à la lecture que ces grandes étendues désertes côtoyaient des territoires abondamment peuplés, où de « grandes villes » s’étiraient sur plus de vingt kilomètres, plus ou moins la taille de Manhattan, le long des rives. Carvajal rapporte que d’immenses parcelles étaient dévolues à l’agriculture et que partout se voyaient des signes de systèmes politiques et économiques parfaitement organisés liés à des États centralisés. Une semaine plus tard, les Espagnols sont arrivés à un « village fortifié » et, se trouvant à court de nourriture, ils l’ont pris d’assaut, tuant certains de ses occupants et forçant les autres à fuir dans la jungle. « Alors, nous pûmes rester à nous reposer, en bonne auberge, mangeant à discrétion. Et nous restâmes trois jours en ce village. Il y avait beaucoup de chemins très grands qui entraient à l’intérieur des terres. ». Voyant dans ces derniers un funeste présage, les indigènes qu’ils avaient chassés de leurs maisons pourraient aisément les emprunter pour revenir avec des renforts, Orellana a immédiatement repris sa progression sur le fleuve, profitant désormais de l’abondance et de la variété des nourritures que lui et ses hommes trouvaient en route.

Il est régulièrement indiqué dans le texte que de certains villages « partaient beaucoup de chemins, et très grands, vers l’intérieur des terres ». Orellana avait jusqu’ici résisté à l’impulsion d’explorer ces alléchantes artères s’enfonçant dans la jungle, mais désireux à présent de savoir où elles menaient – peut-être à l’Eldorado ! –, il a pris plusieurs compagnons avec lui et s’est mis en route. Une fois encore, cependant, la discrétion l’a emporté sur la vaillance : «  Il n’avait pas fait une demi-lieue que les chemins se firent plus grands et plus larges. Voyant cela, le capitaine décida de revenir car il n’aurait pas été sage de continuer. ».

À peine le journal imprimé, un certain nombre d’érudits se sont appliqués à le discréditer. Par exemple, des objections scandalisées se sont élevées à la mention dans le journal de femmes archers nues ou presque, que le moine n’hésite pas à qualifier d’« Amazones » en référence aux guerrières de la mythologie grecque, ayant pris part à une attaque contre les expéditionnaires d’Orellana (C'est de là que vient le nom du Fleuve).

Un autre discrédit, beaucoup plus stratégique que moral celui là, est intervenu en parrallèle. Carvajal affirmait que nombre des autres peuples qu’ils ont rencontrés durant leur périple étaient « sujets des Amazones », dont les territoires immenses abritaient une capitale possédant cinq énormes temples : « Dans ces maisons elles ont de nombreuses idoles d’or et d’argent à figures de femmes, et une grande quantité d’or et d’argent pour l’office du Soleil ». De nombreux états discréditèrent le texte tout en finançant discrètement des aventuriers pour aller chercher le mystérieux El-Dorado. On touche ici à un premier "complot", l'état peux parfaitement mentir publiquement si il y trouve un interet stratégique !

Quand les motifs financiers ou moraux ne furent plus de mise, ils furent remplacé par la toute puissance des certitudes des premiers historiens des Amériques. Dès les années 1890, l’idée s’était déjà ancrée chez les anthropologues et les archéologues que les Amériques n’avaient été peuplées qu’à une date relativement récente, et l’on croyait dur comme fer que l’Amazonie était l’un des tout derniers endroits à avoir été occupés. Alors que ce point de vue s’enracinait dans les décennies suivantes, il est devenu évident aux yeux de tous les chercheurs sérieux, si évident que l’idée même de remettre cette idée en question ne les effleurait pas, que l’Amazonie ne pouvait pas avoir été habitée depuis plus de 1 000 ans, et seulement par de petits groupes de chasseurs-cueilleurs, puisque la jungle était « pauvre en ressources ». La raison pour laquelle le journal de Carvajal a été discrédité durant la majeure partie du 20ème siècle repose sur ce dernier point. Le tableau qu’il peignait de l’état des peuples et des cultures de l’Amazonie avant les premiers contacts avec les Européens allait à contre-courant de la théorie universitaire dominante. Et malheur à ceux qui osaient remettre ce dogme en question, leur réputation pouvait vite se dégrader, leur fermant les portes des musées, des postes à responsabilités et des financements pour faire leurs recherches.

Certains avaient pourtant noté de longue date un premier point suspect. Le journal de Carvajal est appuyé par celui d’Altamirano, un des officiers d’Ursua qui explora à son tour l’Amazonie vers 1560, soit 20 ans après Carvajal. Il y est aussi fait mention de cités de 10 000 habitans en bord de fleuve et d’immenses surfaces agricoles. L’expédition suivante, celle de Teixeira en 1637-38 parle d’une dépopulation massive due à des "maladies mortelles" (sans doute introduite involontairement par les deux expéditions précédentes). Le prêtre jésuite de l’expédition, le père Cristóbal de Acuña, qui, comme Carvajal, tenait un journal, a cependant rapporté que « le fleuve des Amazones irrigue de plus grandes régions, fertilise davantage de plaines, que nos grands fleuves connus ». A ces documents, la totalité des chercheurs "sérieux" répondirent que le premier ayant totalement affabulé, le second avait repris les mêmes propos et le troisième avait essayé d'expliquer par une maladie massive la différence entre ce qu'il avait lu et ce qu'il constatait sur place. Le fer de lance de tous ces doctes savants étant qu'il ne pouvait pas y avoir eu de ville, jamais, pour la simple et bonne raison que le sol ne permet pas une agriculture suffisament efficace pour nourrir une population importante. Ils confortent de plus leur position avec les textes très détaillées du géographe français Charles Marie de La Condamine qui a traversé toute la région entre 1743 et 1744 sans trouver ni ville ni armée.

Généralement sur un sujet donné, il y a une référence, une personne dont la parole est d'or. Pour l'Amazonie, ce fut Betty Meggers, archéologue de la Smithsonian Institution. D’après elle, le niveau de sophistication décrit par le moine dominicain – les armées, les réserves de nourriture, les splendides faïences, etc. – relevait de l’impossibilité pure et simple compte tenu des limitations de l’environnement amazonien. Son livre,"Amazonia : Man and Culture in a Counterfeit Paradise", publié en 1971, a été considéré comme « le livre le plus influent jamais écrit sur l’Amazonie ». Quelques jeunes archéologues inconscients osèrent la défier mais disparurent bien vite du paysage académique. Dans ce domaine, il faut faire un choix entre sa carrière et ses idées si ces dernières sont en contradiction trop frontale avec "LA" vérité du moment.

Et pourtant... Un individu dominant, auréolé d’une position prestigieuse, peut différer la progression des connaissances pendant plusieurs décennies, mais au bout du compte, il ne peut occulter la masse de preuves contradictoires et d’opinions divergentes qui finiront par aboutir à un nouveau paradigme. Et dans cette affaire, la découverte, plusieurs fois remise sous le tapis, se nomme 'terra preta', la terre noire. A la fin des années 1990, il est devenu enfin officiel qu'il existait sur certaines rives de l'Amazone une terre 'anormale' qui permettait de bien meilleurs rendements agricoles. Quand on se décida enfin a débloquer des crédits, l'argent étant le nerf de la guerre, on découvrite bien vite que cette terre noire ne pouvait qu'être artificielle, de création humaine. On s'est alors rendu compte qu'aux endroits où il y avait des villages, il y avait de la terre noire, puis ensuite, qu'il existait des endroits avec de la terre noire sans qu'il n'y ait de village mais que dans ce cas des fouilles permettait à coup sur de trouver des traces de foyer de peuplement passé.

Les vestiges de certains de ces foyers de peuplement sont en ce moment même examinés par des chercheurs, qui ne sont plus aveuglés par les idées préconçues du passé et en parlent souvent comme les « cités jardins » de l’Amazonie. Ils se révèlent invariablement liés, comme l’explique une étude de référence, à de grandes superficies de « terre noire indienne ». La conclusion de tout ceci, c'est que l'on reconnait officiellement à présent que les grandes cités décrites par Carvajal était certainement réelles et qu'il y avait donc une véritable civilisation en Amazonie, civilisation qui a disparu avec les maladies européennes comme la variole dont le taux de mortalité a pu dépasser les 90%, la jungle reprenant immédiatement la place libéré par l'homme.

Ce premier exemple, il y en aura d'autres, doit faire réfléchir sur un point. Il n'y a pas besoin d'une stratégie du secret, qu'un groupe occulte décide de cacher une vérité pour que ça se produise. Il suffit que quelques personnes influentes, de bonne foi, soient dans l'erreur pour que ceux qui remettent leurs idées en doute soient considérés comme des idiots, des p'tis jeunes qui veulent faire parler d'eux voir des loups aux dents longues visant les postes de ceux qui 'règnent' sur le sujet et qui perdraient leur aura si il se révélait qu'ils sont dans l'erreur. Et comme l'archéologie nécessite beaucoup de moyens pour faire les fouilles et un accès aux médias du domaine pour faire connaitre ses résultats, celui qui ne bénéficie pas du soutient de ses pairs aura énormément de mal à se faire entendre. D'où le fait que certains abandonnent et d'autres, la majorité, évitent de 'faire des vagues'. C'est ce que j'appelle l'autocensure, on y reviendra.

Paradoxe Simpson
ou Mentir sans chiffres truqués

- Publication du 17/02/2022 -

Suivez attentivement la démonstration en partant du principe que les chiffres de départs sont vrais (source fiable, voir vos propres chiffres) car toute la magie de la chose, c'est de montrer justement ce qu'on peut faire avec de VRAIS chiffres ! Il y a deux manières de traiter les tumeurs : Les médicaments (Chimiothérapie) ou la chirurgie. Les taux de guérisons des 1000 derniers patients pour chaque méthode donnent les chiffres suivants :
Grosses tumeurs (+ de 2 cm) : 90 patients guéris par médicament contre 92 échecs (49% de taux de réussite) et 564 patients guéris par Chirurgie contre 331 échecs (63% de taux de réussite)
Petites tumeurs (- de 2 cm) : 671 patients guéris par médicament contre 147 échecs (82% de taux de réussite) et 94 patients guéris par Chirurgie contre 11 échecs (90% de taux de réussite)

A priori pas besoin d'avoir fait Math Sup pour en conclure que, quel que soit la taille de la tumeur, il vaut toujours mieux la chirurgie que le médicament ! OK ?

Mais ces chiffres ne sont pas géniaux si vous vendez des médicaments... Alors que faire ? On va simplement présenter ça d'une manière un peu différente... Les médicaments ont guérit 671 patients avec petite tumeur et 90 avec grosse tumeur, soit 761 guérisons pour 147+92=239 échecs. Ce qui fait un taux de réussite pour les médicaments de 76%.

On procède de même pour la chirurgie, toujours avec les vrais chiffres, sans tricher, et on obtient 564+94=658 guérisons et 331+11=342 échecs, soit un taux de réussite de 66%. Voilà c'est beaucoup mieux comme ça, faudrait être idiot pour tenter la chirurgie n'est ce pas ?

Je vous laisse vérifier mes additions en refaisant les calculs sur papier et constater qu'il n'y a ni erreur ni triche dans les calculs... Ben oui ça semble paradoxale mais au final la chirurgie qui est plus performante que les médicaments sur les petites tumeurs ET sur les grosses tumeurs est globalement MOINS performante que les médicaments ! C'est ce qu'on appelle le Paradoxe de Simpson.

Le Paradoxe de Simpson est un paradoxe statistique décrit par Edward Simpson en 1951 dans lequel un phénomène observé dans plusieurs groupes s'inverse lorsque les groupes sont combinés. Ce résultat qui semble impossible au premier abord est lié à des éléments qui ne sont pas pris en compte (comme la présence de variables non indépendantes ou de différences d'effectifs entre les groupes, etc.). Ce Paradoxe est souvent rencontré dans la réalité, en particulier dans les sciences sociales et les statistiques médicales.

Explication : On tente ici d'établir un lien entre le traitement et la taux de guérison. Sauf que les chances de guérisons dépendent de plusieurs facteurs comme par exemple... la taille de la Tumeur. C'est ce qu'on appelle un Facteur de Confusion. Si on regarde les chiffres on voit clairement que la taille de la tumeur influe le choix de la méthode. Si la tumeur est petite, on privilégie les médicaments, si elle est grosse on privilégie la chirurgie. C'est cette double casquette d'influence sur la cause ET d'influence sur la conséquence (plus la tumeur est grosse moins les chances de succès sont importante) qui provoque le paradoxe de Simpson.

Que faire contre ? : Il est assez difficile de détecter un facteur de confusion dans une étude statistique, surtout si on ne maitrise pas le sujet traité. Il convient donc de se méfier des résultats et de regarder si celui qui les donne à un interet personnel dans le résultat (gros signal d'alerte) ET si il maitrise bien le sujet dont il est question. En clair sur une question médicale, l'avis éclairé sera celui de quelqu'un qui maitrise bien le sujet en question (virologie par exemple) à condition que cette personne n'ait pas un interet à dire une chose plutot qu'une autre (interet direct, genre toucher de l'argent des laboratoires, ou interet indirecte, genre disposer d'un poste qui peut être confié à un autre si ce qu'on dit ne plait pas). Il faut aussi savoir qu'une étude rétrospective (on analyse des données déjà disponibles) est beaucoup plus sujette à des facteurs de Confusion qu'une étude prospective (On procède à une expériance dont on va analyser les données).

Les Complots

- Publication du 26/01/2022 -

Introduction

Depuis quelques temps, il y a un phénomène de doute qui conduit certaines personnes à voir des mensonges de partout. Ce phénomène à conduit à la vulgarisation d’un terme, « complotiste », qui est utilisé à tord et à travers. L’idée de ce court article est de faire un point sur le sujet.

Complot : (1) Atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation. (2) Résolution concertée de commettre un attentat et matérialisée par un ou plusieurs actes. (3) Par extension, projet plus ou moins répréhensible d'une action menée en commun et secrètement. - Larousse -

En collant à cette définition du Larousse, donc incontestable, on peut déjà en déduire que les complots ont existé de tout temps, et avec eux l'idée qu'une chose néfaste pouvait résulter d'un complot même si on n'en avait aucune preuve. De nombreux historiens estiment d’ailleurs que des théories du complot se retrouvent dans toutes les sociétés humaines, au point qu'on peut y voir une constante anthropologique.

Le terme de « théorie du complot » est né après la seconde guerre mondiale pour décrire (et dénoncer) l’idée d’un complot massif qui expliquerait la majorité des faits par l'action concertée et secrète d'un groupe de personnes qui y a tout intérêt, plutôt que par le déterminisme historique ou le hasard.

Depuis le début du 21ème siècle, le concept de « théorie du complot » commence à être utilisé pour disqualifier toute pensée antisystème, un peu comme « antisémite » est déjà utilisé pour disqualifier toute critique d’Israël, fondée ou pas. Réciproquement les théoriciens du complot présenteront toute critique de leur démarche comme une action visant à les faire taire (et donc, une « preuve » supplémentaire du dit complot).

On touche ici au cœur du problème, savoir faire la part des choses, reconnaître à la fois que des complots existent MAIS que tout ce qui arrive n’est pas le fruit d’un complot.

Exemple de complots avérés

«- Il arrive qu’il y ait des gens qui complotent contre certaines personnes, c’est un fait, non?
- Oui, j’imagine que cela peut arriver, dit-il.» - Ira Levin, Rosemary’s Baby -

Mis face à la définition des dictionnaires et au fait qu’il y a des milliers d’évènements historiques officiels qui correspondent parfaitement à cette définition, les contradicteurs proposent alors souvent comme nuance le fait que la théorie du complot serait un fantasme traitant de grands événements historiques présentés comme le produit de l’action d’un gouvernement ou d’un groupe secret d’hommes puissants alors que les complots réels se passeraient à plus petite échelle, avec des effets beaucoup plus modestes. Ainsi l’assassinat d’une personnalité politique par des opposants est un complot acceptables mais l’idée qu’un gouvernement mentirait à toute sa population dans un but peu avouable relèverait de la psychiatrie.

Dans ces conditions, ce qui séparerait ces complots réels, historiques, factuels et incontestables, de ce qui est appelé avec mépris la théorie du complot, le complotisme ou le conspirationnisme serait l’échelle, le niveau d’impact du « complot ».

Si de nombreux complots historiques rentrent bien dans le cadre de ces limites, de l’assassinat de Jules César à la conspiration des Poudres ou encore celle de la machine infernale de Georges Cadoudal, jusqu’aux magouilles financières d’aujourd’hui orchestrées dans le but de faire monter la valeur de certaines sociétés par actions, cette même définition résiste pourtant mal à certains autres faits historiques et pas besoin de remonter un siècle ou deux en arrière pour en trouver !

(1) En Septembre 2015 l’affaire du « Dieselgate » a montré sans aucun doute possible qu’une multinationale de premier plan comme Volkswagen peut parfaitement mettre en place une fraude massive pour outrepasser des lois existant dans de nombreux pays. L’opération n’a pas pu être monté par un petit groupe de personne puisque ceux qui ont mis au point un logiciel sophistiqué qui détecte les tests d'émissions et qui enclenche le contrôle des polluants seulement pendant la durée du test savaient bien ce qu’ils faisaient ainsi que de nombreuses personnes impliquées à un moment où un autre dans la chaîne de commandement (Les informaticiens n’ont bien évidement pas décidé de programmer ça sans ordre !). Pourtant l’opération fonctionnera parfaitement entre 2009 et 2015 et ne sera découverte que par un malheureux concours de circonstance.

(2) À partir du 6 juin 2013, Snowden rend publique, par l’intermédiaire des médias, des informations classées top-secrètes de la NSA concernant la captation illégales des métadonnées des appels téléphoniques aux États-Unis, ainsi que les systèmes d’écoute sur Internet des programmes de surveillance PRISM, XKeyscore, Boundless Informant et Bullrun du gouvernement américain et les programmes de surveillance Tempora, Muscular et Optic Nerve du gouvernement britannique. Peu de poursuites en résulteront sauf pour Snowden qui a été obligé de se réfugier en Russie où il réside désormais.

(3) En octobre 2010, le site WikiLeaks révèle, preuves à l’appuie, que les forces militaires alliées en Irak, ont torturé ou tué sans raison des centaines d'Irakiens et met en évidence « de nombreux cas de crimes de guerre qui semblent manifestes de la part des forces américaines, comme le meurtre délibéré de personnes qui tentaient de se rendre ». L’affaire coûtera leur poste à quelques subalternes mais la seule réelle victime de cette alerte sera le lanceur d’alerte lui même Julian Assange, encore emprisonné à l’heure actuelle dans le cadre de cette affaire.

(4) Le 5 février 2003, le secrétaire d’État américain Colin Powell présente au Conseil de sécurité des Nations unies des documents indiquant que le gouvernement de Saddam Hussein, en Irak, possède des armes de destruction massive. Cela sert de prétexte à l’invasion américaine en Irak. Très vite il devient clair que ces armes de destruction massive n’ont jamais existé et après un rapport du Sénat US en 2006 dénonçant la supercherie, Colin Powell indiquera qu’on (ON… Il n’a jamais précisé qui !) lui a menti mais que lui était bien sur de bonne foi quand il est intervenu à l’ONU. Ce « complot » qui s’est joué au niveau d’une nation et dont la conséquence recherchée, et obtenue, était clairement une action militaire de type invasion d’un pays étranger peut difficilement être rangé dans la catégorie « petite échelle ».

(5) Le 14 octobre 1990, une fille que les médias surnomment l’infirmière Nayirah témoigne devant le Congrès américain en larmes. Elle explique que les soldats irakiens qui viennent d’envahir le Koweït entrent dans les maternités, sortent les bébés des couveuses et les jettent sur le sol où ils meurent. Entre autres trucs bien bien durs. Le discours est retransmis partout dans le monde et l’opinion publique soutient l’intervention militaire américaine au Koweït. Seul problème, c’était absolument bidon. Il fut par la suite prouvé que la fille avait été coachée et qu'il ne s’agissait pas d’une infirmière, mais de la fille de l’ambassadeur du Koweït aux Etats-Unis !

(6) Un procès a eu lieu en 1974 au cours duquel General Motors a été condamné pour conspiration à une amende ridicule. En effet il a pu être prouvé qu’entre 1936 et 1950, la National City Lines, une organisation fondée par des grosses entreprises de l’automobile, avait racheté tous les réseaux de transport public et remplacé les tramways qui fonctionnait très bien par des bus General Motors qui eux ne marchaient vraiment pas bien. Il fut prouvé que l’opération visait simplement à promouvoir l’automobile individuelle.

(7) Il est désormais avéré que Pinochet a bénéficié de l’aide des Américains pour renverser le gouvernement Allende. Avant le coup d’État, des notes internes font état de budgets colossaux visant à destituer Allende et à alimenter la presse pour le déstabiliser en interne en asséchant l’économie chilienne. En gros, les États-Unis ne sont pas intervenus directement le 11 septembre 1973, mais ils ont préparé le terrain pendant 3 ans pour permettre au coup d’État de réussir et à l’époque, ceux qui ont eu des doutes au Chili ont été traités de paranoïaques....

(8) Menée dans l’Alabama, à Tuskegee entre 1932 et 1972 sous l'égide de l’US public health service (UPHS), cette étude avait un but simple : étudier les évolutions de la syphilis quand elle n’est pas traitée. Les autorités décidèrent donc de recruter des Noirs ayant contracté cette maladie et, au lieu de les soigner, de les observer pendant qu’ils souffraient et mouraient. Le pot au rose a été découvert en 1972 quand Peter Buxton, un ancien enquêteur de l’USPHS, qui avait exprimé de graves réticences morales sur l'étude dès 1966, divulgua l'affaire à Jean Heller, journaliste de l'Associated Press. Le 16 mai 1997, à la Maison-Blanche, le président Bill Clinton présenta ses excuses aux patients et aux membres de leurs familles au nom du Gouvernement des Etats-Unis, lors d'une cérémonie solennelle.

(9) Suite à un cambriolage dans les locaux du FBI en 1971, le public américain découvre le programme COINTELPRO (Ce qui interrompit définitivement (?) le programme et entraîna la formation d’une commission d’enquête). COINTELPRO était un vaste ensemble d’actions permettant de perturber, ralentir, discréditer toutes les organisations politiques radicales sur le sol américain pour peu qu’elles soient considérées comme hostiles aux intérêts nationaux. Outre des organisations communistes ou d’extrême-droite, la CIA infiltrait également des groupes comme le Mouvement pour les Droits civiques, les Black Panthers, ou la Women’s Rights Organization.

Nous avons donc là 9 exemples parmi les rares cas où le complot a été dévoilé et est aujourd’hui incontestable. Pour beaucoup d’autres (de Kennedy au 11 septembre en passant par le labo de Wuhan) il n’y a pas à ce jour de preuves formelles, juste des anomalies, des coïncidences fâcheuses qui ont nourrie beaucoup de théories souvent farfelues, souvent ne voulant pas dire toujours...

Devant cette évidence qu’il y a donc bien des « complots » qui impliquent des États ou des Présidents, qu’il y a bien des complots qui se fomentent au niveau de Multinationales, d’autres n’ont pas hésiter pas à trouver une définition encore plus simple et radicale : La théorie du Complot est bien de l’ordre du fantasme car si le complot est réel, et c’est extrêmement rare, on en trouve rapidement des preuves formelles et reconnues ! C’est une définition amusante puisque ça revient à dire que le complot n’existe que si on se faire prendre…

Délires conspirationnistes

Puisqu’il y a des complots avérés, est ce que ça veux dire que les « complotistes » sont dans le vrai ?

Internet a bouleversé notre accès à la connaissance et à l’information. Constituant un phénomène aussi ancien que les complots eux-mêmes, les croyances conspirationnistes ont du coup considérablement élargi leur audience et prospèrent désormais. Sites et blogs complotistes, pages Facebook, comptes Twitter, chaînes YouTube, sont autant d’outils mis au service d’une réécriture quasi-instantanée de la réalité dont on commence seulement à mesurer les conséquences.

Ainsi chaque évènement majeur voit fleurir dans la journée quantité de thèses « conspis » souvent oubliées la semaine suivant. Mais bien sur il reste des évènement majeurs comme le 11 Septembre ou la crise du Covid qui, comme l’Assassinat de Kennedy, ne sont pas prêt de tomber dans l’oubli.

Beaucoup de ces « théories » devraient nous interpeller non pas pour ce qu’elles racontent mais plutôt par le nombre de gens qui peuvent gober un truc totalement stupide. Alors que ce soit clair, ça n’est pas nouveau, jeune, j’avais entendu parlé du « faux assassinat » de John Lennon qui en avait juste marre de la célébrité et en avait profité pour disparaître avec une opération esthétique. Et pour rester sur les Beatles, il y eut longtemps une rumeur sur la mort de McCartney symbolisée dans l’album Abbey Road par divers signes « incontestables ». Comme beaucoup d’argent était en jeu la solution la plus évidente avait été de secrètement engager un sosie qui avait pris la place du disparu… Bien sur le sosie était tout pareil que McCartney, même style de jeu, même tout… Un plan parfait, dommage d’avoir du coup laissé autant d’indices sur la fameuse pochette !

De nos jours, on entend tout et son contraire. On parle beaucoup de reptiliens, une lignée hybride humains-reptiles qui gouvernent notre planète de manière occulte. La 5G est là pour permettre un tas de trucs néfastes comme par exemple piloter des nano lames de rasoir inclus dans les vaccins pour pouvoir tuer des gens à distance de manière discrète.

Parfois c’est tellement énorme qu’on se demande si c’est vraiment une théorie, donc si celui qui la sorti en premier y croit réellement, ou si c’est juste des énormités lancées pour plaisanter ou pour discréditer l’ensemble des théories (mais cette dernière hypothèse implique qu’au moins une des théorie dérange le pouvoir, donc on est déjà dans le conspirationnisme).

Ici comme dans tout, la difficulté est d’équilibrer les choses. Ne pas croire comme un Bisounours que seul le peuple est capable de mauvaises choses mais que les élites seraient des saints qui gèrent le monde de manière altruiste et totalement désintéressée. Ne pas croire à l’inverse que tout est complot et que si vous marchez dans une déjection canine, c’est sûrement parce que quelqu’un qui vous en veux la placer là exprès.

Dissonance cognitive et biais de confirmation

Qui s’intéresse aux complots doit prendre garde au biais de confirmation. C’est un biais cognitif majeur.

Un biais cognitif ? Les biais cognitifs sont des mécanismes de pensée qui raccourcissent notre réflexion, par gain de temps, quand on est confrontés à des situations qui se ressemblent, et expliquent les amalgames qu'on va effectuer. Notez que ce n’est pas une anomalie, bien au contraire notre cerveau y a recours pour conserver son énergie.

Quand on est certain d’un fait, on a plus à se poser de question à son propos. Gain de temps, gain d’énergie. Et puis l’hésitation peut être fatale donc c’est aussi un mécanisme de survie. Mais que se passe t’il si on est confronté à quelque chose qui ne va pas dans le sens de notre certitude ? C’est ce qu’on appelle la dissonance cognitive.

Une chose qui rentre en contradiction avec vos certitudes génère un stress ! Et la réaction naturelle c’est d’évacuer ce stress en trouvant une explication à cette anomalie (hasard, trucage, mensonge…). Lorsqu'on est sûr de quelque chose, nous allons instinctivement surestimer tout ce qui va confirmer notre théorie et sous-estimer tout ce pourrait l'infirmer. C’est le biais de confirmation.

Et attention ça s’applique à tous ! C’est a dire autant au complotiste qui ne veux pas admettre qu’une tour peut parfois s’effondrer sur elle-même sans intervention de type démolition contrôlée qu’à l’anti complotiste qui ne veux pas admettre qu’une suite d’anomalies est suspecte et doit nous amener à creuser un peu plus la version officielle des choses puisque c’est un fait, les gens au pouvoir peuvent mentir à la population, ils l’ont déjà fait et c’est factuel.

La théorie du complot ajoute à ceci un autre danger, elle flatte l’égo ! Quand on discute avec un complotiste, il y a très souvent ce mépris sous-jacent, cette arrogance ou sentiment de supériorité qui empêche tout échange constructif: «Vous êtes tous des moutons, des endormis. Moi je suis réveillé, vous n'avez rien compris.» Que de l'ego nimbé de biais de confirmation.

Le soucis c’est que là aussi on retrouve la même chose dans l’autre camps. Émettez le moindre doute sur le produit de Pfizer et vous voilà ranger au côté des témoins de Jéhovah dans la catégorie « obscurantistes antivax qui ne font pas confiance à la science ». Et vous pouvez bien être à jour de tous vos vaccins, ça n’a aucune importance car, si vous avez émis un doute, c’est que vous êtes un imbécile de conspirationniste (contrairement à moi qui sais que…). Biais de confirmation + Ego...

Conclusion

Ici comme ailleurs, je pense que la vérité n’est ni blanche ni noire. Il importe donc de savoir raison garder et, plus compliqué, rester ouvert à de nouveaux faits qui peuvent vous faire changer d’avis sur un point ou un autre. Comme on parle de choses potentiellement secrètes, on est réduit à des suppositions. C’est donc le parfait moment pour évoquer le rasoir d’Ockham (Également appelé principe de simplicité ou principe de parcimonie) : Pluralitas non est ponenda sine necessitate (les multiples ne doivent pas être utilisés sans nécessité).

En clair, cette règle induit que les hypothèses suffisantes les plus simples doivent être préférées. L'explication la plus simple est généralement la bonne. Mais attention, simple ne veux pas dire simpliste !

Beaucoup de théories foireuses ne résistent pas à quelques questions simples :

  • Le bénéficiaire pouvait-il prévoir le résultat avant d’agir ?
  • Le bénéficiaire pouvait-il mettre en place l’évènement pour en obtenir ce qu’il avait prévu ? (moyens financiers et matériels, informations, moyens humains…)
  • Le bénéficiaire pouvait-il agit avec discrétion ? (Un complot avec 1000 personnes impliquées consciemment dans l’opération ça n’existe pas, il y en a toujours un qui parle)
  • Y a t il des anomalies, des « coïncidences troublantes » dans la versions officielles ? Combien ? De quel ordre ?

La dernière question est très importante car plus l’anomalie est grosse et plus il y a un doute raisonnable ! Peut-on réellement penser que le pouvoir français a réellement cru qu’un phénomène météorologique sans précédent allait bloquer à nos frontières un nuage qui était passer d’Est en Ouest sur toute l’Europe, du nord au Sud ? Non ! Peut-on réellement penser que le pouvoir US a cru qu’un obscur militaire a pu réussir un triple tir à grande distance qu’aucun de ses tireurs d’élite n’a pu reproduire lors des reconstitutions ? Non ! C’est important car si le pouvoir « fait semblant » de croire à une version qui ne tient pas debout, il est raisonnable de penser que c'est pour en cacher une autre ! Ça ne nous dit pas laquelle ! Ça nous dit juste que pour le coup, oui, il y a « complot ».