Les Vampires

- Publication du 26/11/2022

Origine du mythe

Pour beaucoup de gens, vampire rime avec Dracula. Et ceux qui ont un peu de culture littéraire diront du coup "Bram Stoker", ce qui nous situe un petit peu avant 1900 (Stoker écrit Dracula en 1896-97). Pourtant le mythe du buveur de sang est bien plus ancien que ça !

Commençons par le terme "vampire" lui même... Au sens strict, le vampire est « un mort-vivant qui sort la nuit de son tombeau pour sucer le sang des mortels » (Dict. Robert). Le mot lui-même est attesté sous diverses formes dans toutes les langues slaves mais ne fait en France, curieusement, qu'une apparition tardive (1732). Et pourtant, l'image du vampire s'enracine dans les plus lointaines mythologies et nous renvoie même à l'aube du monde. La tradition juive nous apprend par exemple que la première femme, Lilith, chassée du Paradis, se transforme en démon qui la nuit, pour se venger, vient torturer les vivants et, plus particulièrement, vider les enfants de leur sang... Dans le livre de Nod, on raconte comment Caïn rencontre Lilith, reine des succubes et des incubes, et comment à son contact il développe une appétence pour le sang frais.

L'Antiquité nous a laissé au moins deux récits où figurent déjà certaines composantes des scénarios plus tardifs et qui accordent tous deux une large place à l'érotisme et à la magie. Le premier, de Phlégon, le favori d'Hadrien, est l'histoire de la fiancée d'Amphipolis (reprise par Goethe dans sa ballade La fiancée de Corinthe). Il nous raconte comment un jeune homme reçoit la nuit la visite d'une belle jeune fille qu'il a jadis aimée et qui est morte entre-temps. Lorsque les parents du jeune homme, intrigués par le bruit, pénètrent dans la chambre, la jeune fille tombe morte. On ouvre alors sa tombe, qui est vide.

Le second récit est de Flavius Philostrate. Il s'agit de l'aventure de Ménippe de Lycie, un jeune homme qui, au cours d'un banquet, s'éprend d'une femme extrêmement séduisante. Mais le philosophe et thaumaturge Apollonius de Tyane a deviné la nature perverse de celle-ci, qu'il compare à un serpent, et avertit Ménippe : « Sachez que cette femme est une de ces empuses que l'on appelle communément larves ou lamies. Elles sont fort avides, non des plaisirs de l'amour, mais de chair humaine. Et c'est par l'appât du plaisir qu'elles attirent ceux qu'elles veulent dévorer». Finalement, sous l'influence d'une formule d'exorcisme, la jeune fille disparaît comme par enchantement.

Cependant, le thème du vampire ne relève pas seulement de la fantaisie, il prend aussi sa source, au Moyen-Age, dans une réalité beaucoup plus prosaïque, à savoir l'angoisse collective face à la mort en périodes d'épidémie. Les premiers cas de vampirisme sont attestés en Angleterre vers la fin du 12ème siècle. Un archidiacre d'Oxford rapporte qu'un habitant du Pays de Galles, mort de la peste, revenait toutes les nuits pour appeler ses voisins par leur nom. Ceux-ci tombaient alors malades et décédaient rapidement. Il fallut que le seigneur du village poursuive l'homme jusqu'au cimetière et le transperce de son épée pour éliminer le fléau.

Puis, vers la fin du 14ème siècle, on observe en Allemagne, en Prusse orientale et en Silésie une forme très archaïque de vampirisme, liée à la croyance populaire du « repas des morts ». On disait en effet qu'il était possible d'entendre certains morts, appelés Nachzehrer, « grogner comme des porcs » dans leur cercueil et qu'ils étaient capables de grignoter leur linceul et même des parties de leur propre corps. Au départ, le Nachzehrer ne fait pas de mal aux vivants. Ce n'est qu'au 16ème siècle qu'on va prétendre qu'il égorge les gens la nuit et boit leur sang. Quand on ouvre son cercueil, on le trouve généralement bien vivant et le teint vermeil. Pour mettre fin à ces activités maléfiques, on doit lui enfoncer une épée ou un pieu dans le cœur.

A partir du début du 17ème siècle, on va assister à la multiplication des phénomènes de vampirisme en Europe centrale et dans les Balkans, alors sous domination turque : Bohème, Moravie, Yougoslavie, Roumanie, Bulgarie, Pologne... C'est la fin de la chasse aux sorcières, il faut croire que le bon peuple à vicéralement besoin de se faire peur mais aussi de se trouver des excuses pour massacrer celui qui ne veux pas rester paisiblement avec lui dans le troupeau. Une véritable panique gagna alors les populations et des enquêtes très minutieuses, avec exhumation de cadavres et autopsie, furent ordonnées. Ces enquêtes donnèrent lieu à de nombreux rapports officiels qui sont parvenus jusqu'à nous. En France, ces témoignages seront repris et diffusés largement par l'abbé Don Calmet, dans son célèbre Traité sur les apparitions des Esprits, et sur les vampires. (1743).

Parmi les nombreux exemples mentionnés, on peut citer l'histoire particulièrement terrifiante de Peter Plogojowitz qui se situe en Serbie dans les années 1720. Dans le village pauvre de Kisiljevo, un vieux paysan du nom de Peter Plogojowitz trouve la mort. Dix semaines après son décès, sa femme le voit frapper à sa porte pour lui demander ses chaussures. Les jours suivant cette réapparition, huit villageois disparaissent d’une mort brutale. On soupçonne Plogojowitz et, bien sûr, on décide d’ouvrir sa tombe. Elle révèle que le corps de l’homme ne s’est pas décomposé, ce qui, dans la tradition orthodoxe, équivaut à une manifestation démoniaque. Sans compter que du sang dégouline de sa bouche – du sang qui ne pouvait être que celui des dernières victimes du village. Il n’en faut pas plus aux habitants de Kisiljevo pour enfoncer un pieu dans le cœur du défunt, comme le préconise le folklore balkanique face aux morts-vivants. Le geste met fin aux morts inexpliquées.

En 1818, Collin de Plancy, dans son Dictionnaire infernal, sonne le glas de la croyance aux vampires bientôt remplacés par les revenants du spiritisme :

" Mais, grâce à la philosophie, les vampires sont passés de mode. Que ne peut-on en dire autant des revenants et des spectres ! Cependant, si la foi aux apparitions a encore un reste de vie, ce n'est plus que dans les cervelles étroites. "

C'est cette même année que sur les rives du lac Léman Polidori écrit " Le vampire ". Pure coïncidence ? Tandis que mythologie et légende en tant que telles paraissent avoir épuisé leurs forces, la littérature s'empare du vieux mythe et le transforme. Du romantisme à la science-fiction, l'imagination des poètes réinvente le vampire et l'enrichit d'images toujours nouvelles et en accord avec « l'esprit du temps ». Les vampires modernes n'ont plus guère de ressemblance avec leurs ancêtres d'outre- tombe. Figures archétypales de la pensée humaine, ils continuent de hanter la fantaisie des écrivains contemporains.

Vlad Tepes

On connaît bien le parcours de Vlad Tepes grâce à de nombreux documents écrits au 15ème siècle par les Allemands et les Turcs. Ces manuscrits dont le premier, d’origine allemande, daterait de 1463, sont souvent à charge mais très bien renseignés. Descendant direct de la famille des Basarabi qui régna sur la Valachie, Vlad est décrit comme un guerrier brutal et sanguinaire qui torture à tour de bras principalement par démembrement. Bien sûr, ce ne fut pas un vampire mais le passé familial et personnel du personnage forgèrent un homme menaçant et psychologiquement instable qui explique pourquoi Bram Stoker décida de s'en inspirer pour son Dracula.

Commençons déjà par son nom. Vlad Tepes n'est pas son vrai nom ! Ce nom n’a jamais été utilisé de son vivant mais apparait uniquement à partir de 1550. Vlad Tepes est donc en fait Vlad III Draculea. Cette désignation de 'Draculea' signifie "le fils du dragon", symbole de sa famille en raison de l’appartenance paternelle à la Societas Draconistarum, un ordre consacré à la défense du christianisme.

Vlad III est né en décembre 1431 dans le château de Sighisoara (Roumanie actuelle). Sa vie est très tumultueuse. Son père (nommé assez logiquement Vlad II) gouverne la Transylvanie au nom de l'empereur germanique Sigismond avant de devenir prince de Valachie, l'une des trois provinces roumaines, qui couvrait le sud du pays actuel avec les Carpates au nord et sa frontière sur le Danube avec la Bulgarie au sud. Bucarest, la capitale contemporaine de la Roumanie a été la dernière ville principale valaque. Dès son enfance, il est enlevé par les Turcs. Cette absence forcée dura deux longues années durant lesquelles ses ravisseurs ferront pression sur son père.

Son père et son frère assassinés, il devient Prince et commence par les venger de manière très sanglante. Vlad Tepes n'était en effet pas un modèle de santé mentale... Alors certes la violence était d'un usage courant à l'époque et la terreur a été utilisée comme méthode de gestion politique et sociale, d’intimidation à l’encontre de ses ennemis ainsi que de moyen de transaction et pression économique de tout temps. Mais là on parle d'un homme qui avait la douce habitude d’empaler ses victimes – adversaires comme concitoyens – par le fondement sur des pieux de bois immenses. Il prenait alors ses repas au milieu de ce spectacle alors que les victimes agonisaient car on met plusieurs heures à mourir avec le pal...

La méthode la plus répandue et dont il existe des traces de la Russie à la Turquie voulait que l’on enfonçât le pal dans l'anus du condamné avant de le redresser à la vertical et de le planter en terre. La cruauté du supplice était modulée par le degré d'acuité de la pointe, la taille du pieu, et la profondeur à laquelle on l'enfonçait. Le plus fréquemment, la pointe était arrondie afin de repousser les chairs sans les léser, afin que le supplice durât le plus longtemps possible, souvent de 4 à 6 heures ! La pointe du pieu finissait par ressortir par le thorax, par les épaules ou par la bouche, en fonction de la direction donnée. Le but était d'apporter une frayeur maximale aux spectateurs.

C'est ici que se trouve l’origine de ce fameux nom de Vlad Tepes puisque "Tepes" signifie en roumain "Empaleur". Les historiens ne connaissent pas exactement le nombre de ses victimes qui se compte en milliers, dizaines de milliers ou centaines de milliers selon les sources.

Il existe un autre lien intéressant entre le Pal et les fameux pieux en bois plantés dans le coeur des vampires. Une des justification du supplice du pal, c'était que la pointe finissait immanquablement par toucher le coeur et ce faisant, on visait à détruire le siège des sentiments et des idées et par là-même, à rendre inoffensif le délinquant en empêchant que son âme ne revînt sur terre sous la forme d'un revenant susceptible de commettre de mauvaises actions. Le pal devait donc fixer le corps et le coeur à la terre, domaine du monde inférieur et provisoire. De là va venir l'idée qu'un mort vivant doit être définitivement tué par un pieu transperçant son coeur.

Les Turcs qui ont eux même à l'époque une sacré réputation de sanguinaires vont aussi faire les frais de cette obsession : en 1462, le sultan Mehmet II tente d'envahir la Valachie et marche sur la capitale de Vlad Tepes, Tirgoviste. Mais il va découvrir un peu avant la cité 20.000 captifs turcs empalés sur des pieux ! Le sultan, horrifié, fait retraite. Une retraite temporaire cependant car plus tard la chronique raconte aussi que la femme de Vlad, sur le point d'être capturée par les Turcs, se jette du haut des murailles de sa forteresse. Vlad Tepes parvint à s'échapper par un passage secret menant dans les montagnes et part chercher refuge auprès du nouvel empereur, Matthias Corvin, mais celui-ci le fait emprisonner sans ménagement. Il restera enfermé 12 ans !

Après un nouveau règne très bref sur la Valachie, Vlad Tepes finit par être assassiné en 1476, à 45 ans. Il aurait été trahi par l’un de ses hommes de confiance, un Turc acheté par Mehmed II, qui l’aurait décapité d’un coup d’épée. Sa tête embaumée fut envoyée au sultan. Selon la tradition, Vlad serait enterré dans l’église du monastère de Snagov. En 1933, l’archéologue Dinu V. Rosetti et l’historien George D. Florescu auraient découvert une tombe située juste sous la tombe vide qui ne porte aucun nom et est présentée comme celle de Dracula. Ils auraient alors découvert un cercueil où reposait le cadavre d’un homme vêtu d’un costume de velours et dont le visage était couvert d’une étoffe de soie. Au contact de l’air, le corps se décomposa en quelques minutes mais ils furent convaincu qu’il s’agissait bien de la tombe du voïvode.

Quand on leur fit remarquer que plusieurs sources distinctes font état du fait que la tête avait été envoyé au sultan turc, ils répondirent que la présence de la tête n’avait rien d’étonnant car les Turcs arrachaient la peau du visage et le cuir chevelu, qu’ils embaumaient en les remplissant de coton et c’est donc seulement ce trophée macabre que reçut Mehmed II. Cela expliquerait en prime la présence d’un voile sur le visage du défunt. Mais il n’est bienentendu pas certain que ce corps soit bien celui de Vlad III. Le mystère demeure de nos jours.

Le château de Vlad, dont il ne reste que des ruines fut construit telle une forteresse à la frontière transylvanienne au nord de Curtea de Arges (Et le château de Bran présenté par toutes les ressources touristiques comme LE chateau de Dracula n'a strictement rien à voir avec le personnage mais il présentait l'avantage d'être facile d'accès et en bon état contrairement au vrai château dont l'accès se mérite ! Business is business...). Le "vrai" château, celui de Poenari, ne peut être visité qu'après avoir monté 1 462 marches ! Mais l'effort vaut vraiment le coup car le lieu est puissant, surtout si vous parvenez à y rester la nuit (normalement c'est fermé mais bon c'est la Roumanie...).

Autre point qui a sans doute eu son importance pour le créateur de Dracula, Vlad Tepes souffrait de porphyrie. Ce concept englobe un groupe de maladies qui affectent la production d’hémoglobine (globules rouges), de myoglobine (pigmentation cellulaire rouge des muscles) et de cytochromes. La porphyrie, condition génétique inhabituelle interférant avec le métabolisme du fer (importante composante du sang), porte le nom de la maladie du vampire depuis 1985, année où David Dolphin, très sérieux biochimiste à l’université de Colombie britannique de Vancouver (Canada), expliqua que jadis, les gens atteint de porphyrie retiraient un certain soulagement de la consommation du sang humain puisque cette maladie est un trouble sanguin. Plusieurs formes différentes de la maladie existent mais toutes ont en commun des signes et symptômes importants. Cela se traduit par l’apparition de lésions sur la peau qui devient douloureuse lorsque le malade est exposé trop longtemps au soleil, par le rougissement des yeux, par l’urine rouge, par des problèmes neuropsychiatriques (c’est-à-dire des crises nerveuses), par des douleurs abdominales plus ou moins prononcées et par un déficit en globules rouges nécessitant des transfusions occasionnelles. De plus, les personnes atteintes par cette maladie subissent de graves déformations physiques. Les mariages consanguins, très fréquents il y a plusieurs siècles, ne pouvaient que favoriser l’implantation de la maladie dans certaines régions bien déterminées comme la Transylvanie.

Vampires à l'écran : Mon Top 10 13

Je souhaitait profiter de cet article pour vous donner mon Top 10 des films de vampires mais j'ai jamais réussi à éliminer les trois derniers de la liste donc ça sera un top 13...

13 : Dracula 2001 de Patrick Lussier
Je ne suis pas un fan des films d'horreur dont Lussier est un des spécialistes mais son Dracula 2001 m'avait bien plu principalement pour son explication de l'origine de Dracula (C'est plus cette partie du scénario qui justifie mon choix que l'intégralité du film qui n'est pas non plus renversant il faut bien le dire.

12 : Les Prédateurs de Tony Scott
J'ai toujours eu un peu de mal avec celui là, l'impression de rater un truc car j'aime beaucoup les film de Scott, les histoires de vampires et Catherine Deneuve, je suis un fan inconditionel de Bowie et de Bauhaus dont on entend la musique dans le film. Bref il y avait tout pour le mettre en première place mais j'ai jamais eu le déclic réel... Ca reste un film que j'apprécie avec cette histoire d'immortel qui ne l'est pas.

11 : Génération Perdue (Lost Boys) de Joel Schumacher
Typique des années 80, c'est un des premiers films de vampire que j'ai vu et même si il commence à dater (il fait très années 80) il conserve un aspect Rock'n Roll très sympa qui en a fait un film culte pour beaucoup.

10 : Aux Frontières de l'Aube de Kathryn Bigelow
Décrit comme un "neo westen horrifique", j'ai toujours aimé cette présentation très "nomades" de la famille vampirique en camping car, limite road movies.

9 : Nous sommes la nuit de Dennis Gansel
Un film allemand de 2010 qui suit 3 femmes vampires de générations très différentes dans le Berlin actuel.

8 : Les Morsures de l'Aube d'Antoine de Caunes
C'est un peu le pendant du précédent, mais à Paris cette fois et les vampires suivies ne sont pas 3 femmes mais un couple. Sinon on retrouve cette vision très contemporaines de vampires qui naviguent dans la nuit contemporaines des boites et des expos nocturnes...

7 : Underworld de Len Wiseman
Je me souviens que ça avait été pour moi un choc visuel à l'époque. La manière de filmer est clairement "Post Matrix" et très bien maitrisée. J'avais aussi beaucoup apprécié de voir enfin clairement une différence entre "jeunes" et "vieux" vampire en terme de puissance physique. La guerre Lycan - Vampires en toile de fond est aussi très interessante.

6 : Dark Shadows de Tim Burton
Celui là est un pur Tim Burton avec l'excellent Johnny Depp dans le role du vampire qui s'oppose à une ravisante sorcière. Tout est en second degrès comme souvent chez Burton mais c'est un excellent film de mon point de vue si on apprécie le genre Comédie horrifique...

On arrive à présent dans le haut du panier... Et selon mon humeur les places 2,3,4 et 5 sont totalement interchangeables...

5 : L'ombre du Vampire de Eliar Merhige
Si on parlait scénario uniquement il serait en position 1 ! Cette idée de partir du tournage du Nosferatu de Murnau en 1922 est géniale sans parler de l'extraordinaire prestation des acteurs principaux, Malkovitch en Murnau et Dafoe extraordinaire en Comte Orlok !!!

4 : Dracula de Francis Ford Coppola
Le classique des classiques. Visuellement parfait.

3 : Entretien avec un Vampire de Neil Jordan
Le vampire moderne, neo romantique, celui d'Ann Rice. J'ai toujours adoré le concept d'un vampire qui raconterait son histoire dans un moment de déprime. Acteurs sublimes, c'est un excellent film qui met bien en avant le soucis d'évoluer au fil des siècles qui passent pour ne pas se retrouver totalement dépassé.

2 : La Reine des Damnés de Michael Rymer
Alors je sais que là il va y avoir des cris des pleurs des hurlements. Pour beaucoup ce film est une bouse, indigne d'Ann Rice, indiqgne tout court. Et pourtant moi je le trouve excellent. J'adore l'aspect résolument moderne de Lestat, j'adore la reine des vampires et pas seulement physiquement, j'adore l'idée d'un combat sur scène devant des humains persuadés d'avoir affaire à des effets spéciaux au top... La musique est omniprésente, comme dans le suivant, mais pas du tout dans le meme style puisque ici on est résolument "métal".

1 : Only Lovers Left Alive de Jim Jarmush
Mon numéro 1 est peut être un des rares films de la liste que même un amateur de films de vampires peut avoir loupé. Il est "particulier", comme tout film de Jarmush, on va rentrer dedans ou rapidement s'ennuyer... Ce que j'adore dans OLLA c'est que la notion de temps est omniprésente, c'est le sujet numéro un du mythe du vampire après tout. Et tout dans le film ramène à cette thématique du temps qui s'écoule lentement mais surement. La musique, superbe, est omniprésente est c'est un élement essentiel du film. Il faut se laisser bercer pour apprécier l'oeuvre dans son ensemble. On ne regarde pas OLLA en mangeant de la pizza ou des chips, en plein après midi, en faisant pose pour répondre au téléphone ou aller pisser ! On prépare sa scéance, en soirée, seul ou bien accompagné (j'entend par là quelqu'un qui va comme vous plonger dans le film et surtout, SE TAIRE !). On coupe téléphone et autres objets perturbateurs, on se cale très confortablement, lumière tamisé et dans le noir, volume sonore élevé et on se laisse partir dans cet histoire d'amour vampirique magnifique. (Pour moi le meilleur Jarmush à ce jour)

Vampires et énergie vitale

On a vu dans le chapitre sur Vlad Tepes l'explication "scientifique" du mythe du vampire, à savoir une maladie, la porphyrie, qui rend sensible à la lumière solaire et cause une anémie qu'on peut tempérer en buvant du sang... On va voir dans ce chapitre une autre origine possible à ce fameux mythe du buveur de sang qui, je le rapelle est bien plus vieux que Dracula puisque déjà chez les babyloniens on trouve trace de démons qui volaient l'énergie vitale des vivants...

Le concept d'énergie vitale est vieux comme le monde. Même s'ils n'avaient bien sur pas les connaissances modernes en médecine, les peuples de l'antiquité avaient bien compris que le corps humain bouge tant qu'il dispose d'une source "de vie" et qu'à partir du moment où cette source se tarit, le corps meurt. Les ouvrages indiens les plus anciens traitent de ce qu'ils appellent "Prana". La signification de ce nom composé est complexe car elle intègre simultanément les notions de souffle et de principe vital du souffle. Prana serait une énergie vitale universelle qui imprègne tout, et que les êtres vivants absorbent par l'air qu'ils respirent. Dans les contextes chinois et japonais, on parle de qi, de chi ou de ki pour désigner cette “substance” universelle qui serait à l’origine de toutes les formes énergétiques et se manifesterait à travers des fréquences particulières selon les différents plans de l’existence. En occident les occultistes parlaient de l'Ether (rien a voir avec le produit chimique) puis on a petit à petit tenté d'expliquer cette notion d'énergie vitale par des réactions électriques dans notre système nerveux mais au final, peu importe qu'on soit scientifique ou mystique puisque la notion d'énergie est dans tout les cas présent, c'est finalement l'explication de ce qu'elle est qui diffère.

Or donc si il y a une énergie vitale, et si cette énergie est comme son nom l'indique, vitale pour l'être vivant, elle a donc une grande valeur et ce qui a de la valeur attire les... voleurs ! Il a donc été très vite question de créatures (qui peuvent être des humains !) capable de voler l'énergie vitale d'autres personnes. Ce vol peut être "discret", générant une simple fatigue, ou beaucoup plus violent, pouvant entrainer malaise ou mort de la victime. Si ce concept est facilement expliquable dans des sociétés orientales où la notion d'énergie vitale est largement diffusée, il est beaucoup plus difficile de le faire entendre un un individu matérialiste et faiblement cultivé... Par contre ce qui parrait évident à tout le monde, c'est que le sang est vital et que si on perd son sang, on meurt ! Vous comprenez le lien ? Dites à un paysan qu'il existe des créatures qui peuvent voler son énergie vitale, il ne va pas trop comprendre, dite lui qu'elles peuvent lui voler son sang et là il va tout de suite être conscient du danger ! Ainsi le vampire buveur de sang ne serait qu'une manière de prévenir les gens que l'existance de vampires énergétiques.

Chacun est libre de penser ce qu'il veux de cette histoire d'énergie mais voilà quelques éléments de réflexion. Des études scientifiques ont prouvé que nous produisons certaines énergies puissantes dans des cas bien particuliers comme pendant l'acte sexuel, en cas de grande terreur ou bien encore en cas de ferveur mystique (Et je précise que j'entend par mystique d'une ce qui concerne la religion, bien sur, mais de deux ce qui amène une foule à vibrer ensemble, que ce soit une équipe de foot, une star du rock ou un orateur exeptionnel). Il peut être intéressant de relier ceci avec le fait que les rituels de magie font la part belle à la sexualité, à la ferveur de groupe et au sacrifice rituel (or quand on est attaché et qu'on sait qu'on va se faire trancher la gorge, on peut parler de terreur je pense). Quand à la religion, elle implique toujours la notion de prière et de ferveur mystique qu'on va amplifier par les rituels et l'aspect sacré des lieux de prière. Certains occultistes ont aussi relié la complexité des rituels de magie avec une manière de forcer les gens à se dépasser. Finalement que la personne se donne à fond pour réaliser un rituel complexe de magie ou pour faire une prière à sa divinité, les deux principes ne sont ni opposés, ni éloignés, bien au contraire, dans les deux cas la personne va se dépasser et libérer une forte énergie !

Autre élément de réflexion concernant l'énergie vitale : les guerisseurs. Il est de bon ton de s'en moquer en occident et de les considérer tous comme des charlatans mais ceci tient plus de la dissonance cognitive que d'un raisonnement logique. En effet si les guerisseurs étaient tous des charlots, je ne pense pas qu'ils auraient survécu bien longtemps. Vous pouvez bien raconter ce que vous voulez, au bout d'un moment si vous n'avez jamais la moindre réussite, ça se sait (et il fut un temps, prendre les gens pour des idiots était fatal) ! Et pour qui n'a pas l'esprit totalement fermé, il est évident que certains guerisseurs ont un "don". Alors le mystère qui demeure est le suivant : ont-t-ils une maitrise de l'énergie vitale qui leur permet d'en envoyer au malade pour améliorer son état, ou bien permettent-t-ils, de part leur statut, au malade de mobiliser sa force vital simplement parce qu'il croit que le guerisseur va le guerrir (et là on retombe sur le parallèle avec la foi car le même processus peut expliquer les guerisons miraculeuse par des gens d'église ou dans des lieux saints comme Lourdes).