Prostitution et Civilisation Egyptienne

L'Egypte antique accepta dès les temps les plus reculés la pratique de la prostitution. Il ne s'agissait pas, contrairement au royaume de Babylone, d'une prostitution sacrée au sein des temples, pas plus que d'une prostitution "hospitalière" car le foyer domestique des Égyptiens demeurait toujours inaccessible aux étrangers. Les égyptiens pratiquait la prostitution à la manière moderne, sous la forme d'une transaction de "service" assumé.


La religion égyptienne, comme que toutes les religions de l'antiquité, avait déifié la nature fécondante et génératrice sous les noms d'Osiris et d'Isis. C'étaient, dans l'origine, les seules divinités de l'Égypte : Osiris ou le Soleil représentait le principe de la vie mâle ; Isis ou la Terre, le principe de la vie femelle. Isis n'était donc autre que Vénus, et son culte mystérieux rappelait, par une foule d'allégories, le rôle que joue la femme ou la nature femelle dans l'univers.


Hérodote nous apprend comment on se préparait aux fêtes d'Isis, adorée dans la ville de Bubastis sous le nom de Diane :

On s'y rend par eau, dit-il, hommes et femmes pêle-mêle, confondus les uns avec les autres; dans chaque bateau il y a un grand nombre de personnes de l'un et de l'autre sexe. Tant que dure la navigation, quelques femmes jouent des castagnettes, et quelques hommes de la flûte; le reste, tant hommes que femmes, chante et bat des mains. Lorsqu'on passe près d'une ville, on fait approcher le bateau du rivage. Parmi les femmes, les unes continuent à jouer des castagnettes; d'autres crient de toutes leurs forces et disent des injures à celles de la ville; celles-ci se mettent à danser, et celles-là, se tenant debout, retroussent indécemment leurs robes.

Deux exemples par Hérodote

Dans son Histoire des rois d'Égypte, Hérodote donne deux étranges exemples de la Prostitution légale. Rhampsinite ou Rhamsès, qui régnait environ 2244 ans avant Jésus-Christ, voulant découvrir l'adroit voleur qui avait pillé son trésor, «s'avisa d'une chose que je ne puis croire,» dit Hérodote : «il prostitua sa propre fille, en lui ordonnant de s'asseoir dans un lieu de débauche et d'y recevoir également tous les hommes qui se présenteraient, mais de les obliger, avant de leur accorder ses faveurs, à lui dire ce qu'ils avaient fait dans leur vie de plus subtil et de plus méchant».

Le second exemple concerne la fille de Chéops, qui fut roi d'Égypte douze siècles avant Jésus-Christ. Chéops fit faire de nombreux travaux, lesquels coûtèrent vingt années de travail et des dépenses incalculables. «Épuisé par ces dépenses, rapporte Hérodote, il en vint à prostituer sa fille dans un lieu de débauche et de lui ordonner de tirer de ses amants une certaine somme d'argent. J'ignore à quel taux monta cette somme; les prêtres ne me l'ont point dit. Non-seulement elle exécuta les ordres de son père, mais elle voulut aussi laisser elle-même un monument: elle pria donc tous ceux qui la venaient voir de lui donner chacun une pierre pour des ouvrages qu'elle méditait. Ce fut de ces pierres, me dirent les prêtres, qu'on bâtit la pyramide qui est au milieu des trois.»

La femme en Egypte

La société égyptienne reste remarquable en ce qui concerne la place qu’elle réserve à la femme. Elle la considère l’égale de l’homme. Son organisation sociale et sa législation en vigueur feraient sans doute pâlir bien des sociétés modernes, même si la littérature égyptienne de l’époque présente la femme comme peu fiable, frivole et bien évidemment coupable de nombreux malheurs. A contrario, des artistes tels que peintres ou sculpteurs entre autres, préfèrent célébrer sa sérénité à travers leurs oeuvres.

Les documents dont on dispose semblent indiquer que l'acte sexuel n'était pas tabou en Egypte antique. De nombreuses représentations de l'acte ont été retrouvé, ce qui laisse à penser que la pornographie n'était pas réprimée ni cantonnée à quelques lieu comme de nos jours. L'amour se faisait beaucoup plus librement et sans honte et les Dieux n'étaient d'ailleurs pas les derniers en ce qui concerne les actes sexuels, autre preuve de l'importance de la sexualité à l'époque. Les jeunes femmes étaient invités a expérimenter le sexe "à volonté" avant de se marier. Par contre l'adultère était sévèrement puni (on ne se mariat pas à la légère !) et le viol était puni de mort !

Il est intéressant de savoir que l’Egypte antique pratiquait des méthodes de contraception et avait même conçu un test de grossesse ! La femme suspectée d’être enceinte humectait de ses urines un échantillon d’orge mêlé d’amidonnier (céréale proche du blé). La science moderne rapporte que l’urine d’une femme qui n’est pas enceinte empêche l’orge de germer.

Dans le Talmud est il clairement indiqué que les moeurs sont très libre en Egypte (mais est ce vrai ou juste indiqué pour salir l'image du peuple ennemi qui utilisait les juifs comme esclaves ?).

Prostitution et Maisons de bière

la prostitution était légale en Egypte antique. Il semble que les premières prostituées étaient des esclaves natives de Babylone, déportées ensuite en Egypte par des marchands syriens. La khénémèt ou fille de joie, exerçait essentiellement dans les cabarets ou maisons closes appelées « maisons de bière ». Elle était généralement chanteuse et/ou danseuse. Les « maisons de bière » étaient des établissements mal réputés où on venait s’enivrer et fréquenter les prostituées. La bière était une boisson très populaire en Egypte et toutes les catégories sociales en consommaient sans modération. Elle était connue sous le nom de Zythum.

Les prostituées portaient souvent des robes filets de couleur bleue, de très large mailles qui ne cachaient rien de leur anatomie, d'autant qu'elles ne portaient rien dessous. Elles peignaient leur lèvres de rouge vif.

La documentation n'offre pas d'exemples de prostitution masculine en Égypte.

Travestissement

Les textes mentionnent occasionellement une catégorie d'humains entre Homme et Femme. Ainsi le texte des éxecrations (liste des ennemis de l'Egypte mentionne des peuples (rmTw), les divise en deux, les dirigeants (pat) et la population (rxyt) puis distingue les hommes (TAy) des femmes (Hmwt) mais ajoute une troisème catégorie (sxtjw) qui semblent bien être une sorte de troisième sexe. Certains égyptologues rapprochent le terme (sxtjw) de (sxtj) utilisé dans le texte des pyramides pour désigner les adorateurs de Seth qui étaient castrés. Cependant dans certains textes ce terme fait clairement référence à des personnages féminins ou "comme féminins". Il y a en effet une claire distinction entre les hommes castrés qui possèdent un déterminatif hiérogliphique correspondant à "femme" mais un prénom masculin et sont décrit comme 'Aor' (Castrés) et les hommes travestis qui sont eux décrit comme 'aHAwtj sHmt' (literallement “Homme-femme”).

L'Egypte nous fournit la première figure historique travesti, à savoir la reine Hatshepsut. Contrairement aux autres reines egyptienne qui utilisait souvent des artéfacts masculins pour symboliser leur pouvoir , Hatshepsut est souvent décrite comme portant non seulement des vêtements d'homme mais aussi une fausse barbe. (il ne s'agit donc pas ici d'un travestissemnt forcé comme il y en quand une femme n'a pas accès à une situation et qu'elle se 'déguise' en homme pour contourner l'interdiction, avec Hatshepsut, il s'agit d'un travestissement absolument volontaire). Elle s'est souvent faite représenter dans les fresques avec un corps d'homme viril.

Homosexualité

Plus généralement on dispose de très peu de références écrites sur le sujet de l'homosexualité en Egypte antique. Dans le Livre des Morts égyptien, il y a un passage qui fait référence à un homme ayant eu un rapport sexuel avec un jeune homme et certaines références à conotations homosexuelles existent dans la description des relations entre les Dieux. Ces rares références sont généralement présentées de manière négatives ce qui permet de supposer que l'homosexualité n'était pas vue comme une chose "normale" et n'était donc sans doute pas bien vue. Par contre on ne dispose d'aucun texte indiquant une quelconque peine pour homosexualité, ce qui semble indiqué que ça n'était pas interdit. En 1964 on a même trouvé dans une tombe une fresque mettant en scéne deux hommes qui semblaient assez intimes. Il s'est ensuite avéré que c'était la tombe de ces deux hommes, Nianhkhnum and Khnumhotep, qui étaient manucures du pharaon vers 2350 av JC, un poste relativement important. Chacun était marié et avait eu des enfants mais pour une raison qu'on ignore, il avait été décidé à leur mort de les enterrer ensemble... Certains archéologues préfèrent penser que c'était deux frères mais beaucoup reconaissent que si cette même tombe avait abrité un homme et une femme, compte tenu des fresques et des objets à l'intérieur, personne n'aurait douté que se soit un couple !

Un autre couple homosexual connu de l'époque antique est celui du Roi Neferkare (Pharaon Pepi II) avec son Général des Armées Sasenet.