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Arbre de Vie (28/12/2021) -Y aller- Énergie (12/05/2023) -Y aller-

L'Énergie en ésotérisme

- Publication en deux parties 12/05/2023 - 19/05/2023

Précisions sémantiques

Avant d'aborder le coeur du sujet, il convient de bien noter un premier point : Le vocabulaire d’une langue formate la vision du monde de celui qui la parle. Si il n’y a pas de mot correspondant à une notion précise, comment alors bien comprendre ce dont on parle ? Plus le vocabulaire s’appauvrit, moins les définitions exactes sont comprises et moins l’échange d’idée est possible. Cette richesse du vocabulaire dépend de différents facteurs dont certains sont évidents comme la richesse culturelle civilisationnelle (Si on n’a pas inventé l’électricité, on a besoin d’aucun mot pour parler de ça) ou le degrés d’expertise dans un domaine (Il semble évident que le mécanicien ou le médecin vont avoir besoins de mots spécialisés pour parler avec leurs confrères de points précis liés à leur métier).

Mais ce vocabulaire est aussi la conséquence de l’environnement et ceci de deux manières complémentaires. Ainsi les Inuits posséderaient 17 descriptions de « blanc » différents, ce qui peut s’expliquer par le fait que le blanc prédomine largement dans leur environnement d’où la nécessité pour eux d’introduire des nuances qui ne nous sont pas utiles. Mais l’être humains s’adapte aussi physiologiquement à son environnement à tel point que des études récentes chez les Himbas (Namibie), un peuple de la jungle, ont démontré qu’ils avaient une perception des nuances de vert largement plus précises que nous (Ce qui va impliquer chez eux de voir des différences qu’on ne remarque pas et donc d’avoir besoin d’un vocabulaire adapté pour en rendre compte).

Alors venons en à notre sujet. On entend beaucoup parler du mot « énergie » en ésotérisme. D’un point de vue scientifique le mot énergie a tout son sens et est bien défini : En physique, l'énergie est une grandeur qui mesure la capacité d'un système à modifier un état, à produire un travail entraînant un mouvement, un rayonnement électromagnétique ou de la chaleur. Le mot français « énergie » vient du latin vulgaire 'energia', lui-même issu du grec ancien 'ἐνέργεια / enérgeia'. Ce terme grec originel signifie « force en action ».

En ésotérisme par contre, il existe autour du terme « énergie » un flou artistique sans commune mesure ! Ainsi on entend parler de l’énergie qui traverse les méridiens, l’énergie astrale, l’énergie cosmique, l’énergie d’une vie antérieure, la bonne/mauvaise énergie d’un rituel, d’un objet, d’une pièce, d’une personne. Les voyants disent ressentir l’énergie de l’au-delà, les radiesthésistes peuvent canaliser l’énergie cosmique, les thérapeutes vous transmettent ou font circuler cette énergie et le Feng Shui donne une énergie positive à votre bureau… L’inconvénient d’une utilisation si générale et déraisonnable du mot énergie, c’est qu’on ne sait plus du tout ce qu’il définit exactement !

J'utilise le mot « énergie » mais selon les traditions, un mot équivalent sera utilisé, présentant les mêmes problèmes de généralité que je développe plus loin. Le mot 'énergie' est donc à prendre comme synonyme de Mana chez les Maoris, Ashé dans le Vaudou, Héka en Egypte, Chamir chez les hébreux, Kundalini dans l’hindouisme, Ch’i en Chine, Ki au Japon, Ether en Occident...

Devenant un terme fourre-tout, l’utilisation du mot « énergie » en ésotérisme biaise insidieusement le raisonnement des personnes qui l’utilisent, les empêchant souvent de reconnaître les vrais forces qui sont à l’œuvre. Lorsqu’un phénomène est étudié, il convient toujours de le disséquer avant tout sous ses effets les plus logiques et raisonnables (mécaniques, chimiques, mathématiques, physiques, biologiques, physiologiques…). Si à ce moment une partie du phénomène demeure inexpliqué, il faut ensuite rechercher quelle pourrait être l’influence de la suggestion (Connu sous le terme d'effet 'Placebo', l’effet se produit juste parce que le sujet est persuadé que 'ça va arriver'. C’est la base explicative d’une bonne partie du succès des marabouts en Afrique par exemple…) sans oublier le concept de « biais cognitif » (Le terme biais fait référence à une déviation systématique de la pensée logique et rationnelle par rapport à la réalité. Les biais cognitifs conduisent le sujet à accorder des importances différentes à des faits de même nature et peuvent être repérés lorsque des paradoxes ou des erreurs apparaissent dans un raisonnement ou un jugement).

C’est seulement après toutes ces étapes qu’on peut raisonnablement s’intéresser à l’existence d’une « énergie » qui expliquerait le phénomène inconnu. Mais très souvent les gens s’intéressant à l’ésotérisme vont directement privilégier l’effet de « l’énergie mystique » avant d'avoir considérer toute autre explication car l’utilisation abusive du terme « énergie » donne naissance à une sorte de quiproquo et de confusion pseudo-scientifique qui laisse à penser qu’il existe une substance invisible impalpable, non-mesurable dont les qualités peuvent expliquer tout et son contraire…

Influence et Énergie

Si l’on applique méthodiquement ce que l’on a expliqué au chapitre précédent, on va se rendre compte que souvent la soit disant énergie positive ou négative d’un lieu ou d’un objet tient très généralement plus de l’effet placebo que d'autre chose. Si on vous donne un objet soit disant 'maudit', vous allez consciemment ou inconsciemment rattacher tout soucis à venir à cet objet et pire vous allez vous attendre à ce que des tuiles vous tombent dessus, voir les provoquer par phénomène de dissonance cognitive. Qu’est ce que la dissonance cognitive ? Le terme désigne la tension qu'une personne ressent lorsqu'un comportement entre en contradiction avec ses idées ou croyances. La dissonance survient quand les personnes sont confrontées à une information qui n'est pas cohérente avec leurs croyances. La dissonance étant particulièrement inconfortable, la personne va tenter de restaurer la cohérence au moyen d'une perception erronée de cette information, de son rejet (On ignore l'information) ou de la réfutation de cette information, en recherchant le soutien d'autres personnes qui partagent les mêmes croyances. Vous accorderez donc une grande attention aux éléments qui vont aller pour vous dans le « bon sens » et occulterez ceux qui sont contraires à votre croyance. Pire, sans vous en rendre compte, vous ne tenterez pas vraiment d’empêcher ce qui est censé arriver car votre cerveau tient beaucoup à sa tranquillité d’esprit donc quand il « croit » en quelque chose, il biaise totalement votre perception des choses.

Une première version de la théorie de la dissonance cognitive apparaît dans l'essai de Festinger, Riecken et Schachter de 1956, L'Échec d'une prophétie, qui raconte le renforcement de la croyance des adeptes d'une secte après l'échec d'une prophétie prédisant l'atterrissage imminent d'un ovni. Ils se réunissent à l'endroit et au moment convenus dans la certitude qu'ils seraient, dans ces conditions, les seuls à survivre à la destruction de la Terre, mais il ne se passe rien d'exceptionnel. Ils se trouvent alors confrontés à une forte dissonance cognitive et réduits à des conjectures : ont-ils été victimes d'une rumeur ? Ont-ils donné leurs possessions terrestres en vain ? La plupart des membres de la secte choisissent alors de croire quelque chose de moins dissonant pour assimiler le fait que la réalité ne concordait pas avec leurs attentes. Ils imaginèrent que les extraterrestres avaient donné à la Terre une seconde chance et que leur groupe, seul au courant de ce qui c'était passé, était maintenant choisi pour répandre l'idée que la surexploitation de la planète devait absolument s'arrêter. Le groupe a alors augmenté de façon spectaculaire son prosélytisme en dépit du fait que la prophétie initiale avait totalement échouée.

Est-ce que les effets placebo et de dissonance cognitive expliquent tous les phénomènes mystérieux ? Et bien non... Ils sont souvent la source d'influence qui permet d'expliquer le témoignage de la personne de bonne foi MAIS il y a AUSSI une réelle notion d’énergie en ésotérisme... N’oublions pas par exemple que les dernières découvertes de la physique quantique prouvent l'omniprésence des énergies vibratoires qui président à l'expression de la vie sous toutes ses formes. Gigantesque champ de vibrations, l'univers baigne uniformément dans ses fréquences les règnes minéral, végétal et animal, mettant toute chose en interrelation.

Un exemple millénaire : En médecine chinoise, le psychologique et le physiologique sont interdépendants. Le vivant fait partie d’un ensemble d’énergie. L’énergie circule à l’extérieur et à l’intérieur. L’organisme suit les flux, les mouvements, les interactions énergétiques. C'est ce qui explique l'accuponcture par exemple. Notons aussi qu'en médecine chinoise, chaque émotion fondamentale est associée à un chemin énergétique.

Autre point important, on a scientifiquement mesuré des hausses d'activité énergétique chez les personnes en transe ou impliquées dans un acte fort comme un rituel (les messes entrant dans cette catégorie), une peur ou une humiliation intense ou un acte sexuel. Du coup on ne peut pas réfuter d’un haussement d’épaule l’idée que les églises ou les cathédrales aient servi à concentrer l’énergie des croyants ou que les personnalités publiques adorées par les foules (Tribun politique ou rock star) soient « brûlées » par l’énergie de la foule régulièrement en transe devant eux. Nous allons dans le chapitre suivant voir quelques émotions qui semblent importantes en terme énergétique.

Émotions et Énergie

La magnétoencéphalographie (MEG) est une technique de mesure des champs magnétiques induits par l'activité électrique des neurones du cerveau. Cette technique est employée avec une visée clinique en neurologie (notamment pour l'étude de l'épilepsie) et dans la recherche en neurosciences cognitives. Aujourd’hui, la science reconnait connaît 5 types d’ondes cérébrales : delta, thêta, alpha, bêta et gamma. L'Electroencéphalographie (EEG) est une autre technique scientifique permettant de mesurer l'activité électrique du cerveau, en temps réel, au moyen d'électrodes placées sur le cuir chevelu. On est donc bien dans le domaine de la science quand on parle de niveaux d'énergie émise par les êtres humains puisqu'on peut scientifiquement mesurer ces niveaux. Des recherches en cours mais freinées pour d'évidentes questions d'éthiques, montrent déjà que certaines activités ou stimulations fortes conduisent notre cerveau à générer des champs magnétiques ou une activité plus intense que la normale.

Les émotions sont donc bien des sources d’énergie. Un élément déclencheur est à l’origine de chaque émotion, c’est un signal qui peut venir de l’intérieur (une pensée) ou de l’extérieur (un évènement). L’émotion est donc une réponse à ce fameux déclencheur. Ce signal traverse 3 filtres qui font qu’on ne réagit pas tous de la même manière à une même situation. Il y a tout d’abord le filtre des sens, plus ou moins sensibles selon les individus. Il y a ensuite le filtre social et culturel (Une mère de famille du 16ème, un jeune du 9-3 et un militaire n’ont pas la même réaction face à un coup de feu). Enfin il y a le filtre personnel qui dépend de notre expérience passé et de nos valeurs.

Dans un premier temps, la réponse au signal va être physiologique via notre cerveau reptilien/limbique (transpiration, augmentation du rythme cardiaque, changement de la couleur de la peau, expression du visage, larme, crie…) et hormonales (sécrétion d'adrénaline, de dopamine). C’est ici que se produit l’émission d’énergie quantifiable avec les appareils adéquats (donc bien physique et réelle). C’est seulement ensuite, dans un second temps, que l’information traitée par le cerveau va déclencher une autre action, physique celle-ci, comme la fuite, le combat, l’immobilisme.

Selon les anciennes traditions, il y a certaines émotions qui sont suseptibles de produire des niveaux importants d'énergie qui vont être utilisables pour mettre en oeuvre certains rituels. On quitte donc ici le champ de la science pour celui de l'ésotérisme. Mais on va pouvoir constater que les émotions utilisées par les occultistes sont étonament celles qui se trouvent génèrer le plus d'énergie (savoir si on peut vraiment l'utiliser pour provoquer des effets est une toute autre question mais constatons juste que la base de leur théorie est donc correcte...). On va citer trois émotions à forte valeur énergétique, à titre d'exemple :

La Peur

La peur constitue un moteur puissant pour fuir, pour combattre, pour se mobiliser. Mais elle peut a contrario engendrer l’immobilisme, la sidération, le repli. La peur « ponctuelle » va générer une énergie forte, proportionnée au niveau de peur alors que la peur qui s’installe dans le temps (Angoisse, anxiété, inquiétude…) va pour sa part perturber l’équilibre énergétique. Le concept du sacrifice humain réside par exemple sur cette émotion de terreur ponctuelle mais intense (La peur de mourir et la peur de souffrir sont deux peurs majeures pour 99% des gens). On ne sacrifie pas une personne inconsciente (ça serait pourtant beaucoup plus simple) car elle ne produira pas d’énergie. De même l'aspect souvent angoissant des lieux de rituels ou l'étrangeté des activités est là pour générer une peur sourde, une angoisse, au niveau des participants les plus neophytes qui vont alimenter énergétiquement sans le savoir l'action magique à laquelle ils participent.

A l’inverse la « malédiction » repose sur l’angoisse, la personne se sait maudite et si elle croit dans ce concept (et beaucoup de gens y croient même si ça n’est pas conscient, le doute suffit) elle va s’inquiéter et cela perturbera son équilibre énergétique ce qui va immanquablement causer des problèmes qui viendront la conforter dans l’idée qu’elle est maudite et ensuite c’est un cercle vicieux.

La Sexualité

Le monothéisme, très présent en Occident a fait du sexe une chose tabou, ce qui ne va pas sans poser de nombreux problèmes psychologiques. La sexualité en Occident est à la fois diabolisée et glorifiée. Dans le premier cas, on ressent de la honte et de la culpabilité quand on la pratique et qu’elle nous apporte du plaisir. Dans le second cas, le nombre de rapports, de partenaires, de positions finit par compter plus que notre propre plaisir et celui de nos partenaires. Le sexe peut alors devenir une quête de performance et donc une source d’inquiétude.

A l’inverse en Orient, on reconnaît depuis toujours que la sexualité joue un grand rôle sur notre santé (physique et mentale) de part les énergies qui parcourent nos corps et nos esprits pendant l’acte. Selon le tantrisme (ensemble de textes, doctrines, rituels et pratiques nés en Inde il y a plus de 1 500 ans), la sexualité est une voie privilégiée d’accès au spirituel. Elle est donc sacrée. Le désir est au cœur de cette recherche, car il faut apprendre à maîtriser son énergie sexuelle. En orient, l’énergie développé dans les rapport sexuel a été très tôt utilisée, tant en magie qu'en religion. Les premiers enseignements pratiques connus de la magie sexuelle dans le monde occidental proviennent de l'occultiste Paschal Beverly Randolph américain du 19ème siècle (1825-1875), sous le titre Les mystères d'Eulis. Un des occultistes occidentaux les plus connus ayant largement utilisé la magie sexuelle dans ses ouvrages, ce qui lui vaut encore aujourd'hui une réputation particulièrement sulfureuse, est Aleister Crowley.

Au delà de l'acte en lui même on trouve avec cette énergie une explication de l'érotisation très présenete en magie, comme le fait de souvent utiliser une femme nue comme autel. Tout ce qui peut générer une exitation sexuelle du ou des participants peut générer de l'énergie.

Foi, Adoration et Vénération

Troisième grand domaine où l’humain produit une énergie forte, la vénération peut prendre diverses forme. Il y a bien sur en tout premier lieu la religion. La prière est depuis la nuit des temps une manière de générer des altérations de la réalité à travers sa propre énergie qu’on va concentrer à travers la prière. Bien entendu, le croyant n’est absolument pas conscient de cela, il reste persuadé que tout effet concret ne peux venir que de son Dieu qui aura répondu à sa prière car elle était forte et sincère.

En dehors de l'existance d'un être divin à notre écoute, il existe trois grandes théories ésotériques sur l'efficacité des prières. La première repose sur la capacité de l'opérant principal (le prêtre) à canaliser toute cette énergie dans un but précis. Le seconde plus ambitieuse postule de la création d'un égrégore d'énergie magique qui profitera à celui ou au groupe pour lequel la prière est faite (Cette seconte théorie validant la prière "chez soi" alors que la première explique plutôt la raison de la création de multiples lieux de culte). La troisième théorie postule que la prière a un rôle identique au rituel de magie, à savoir permettre au pratiquant, et ce de manière inconsciente, de focaliser une énergie et de l'utiliser dans un but précis pour obtenir un résultat qui sera mis au crédit de Dieu ou de "la Magie".

Dans un registre assez similaire à la Foi, on trouve bien entendu l'Amour. Une personne amoureuse va donner volontairement de l'énergie à l'être aimé si celui ci en a besoin. C'est la base de fonctionnement des Pervers narcissiques, des Gourous de secte et plus généralement de ceux qu'on range sous l'appelation de "Vampires psychiques", à sevoir des gens qui se "nourissent" de votre énergie et vous laissent "à plat". Bien sur en cas de nombre trop important d'adorateur, cette énergie concentrée sur une unique personne peut s'avérer dangereuse surtout si le receptionnaire n'est pas conscient de ce qui se passe (c'est le cas généralement des idoles -Rock Star, Acteurs..._ ou des hommes politiques particulièrement charismatiques parlant très régulièrement à des foules fanatisées -il n'y en a plus vraiment aujourd'hui, je pense plutôt aux tribuns d'hier- ), ce qui pourrait expliquer cette croyance populaire que trop de succès et d'admiration des foules rend fou...

L'Arbre de Vie

- Publication en 6 parties du 28/12/2021 au 05/02/2022

Concept

L’arbre de vie kabbalistique, ou arbre de vie séphirothique (Etz Hayim), est une représentation du cosmos selon la mystique juive appelée Kabbale. C’est Azriel de Gérone, célèbre kabbaliste juif du 13ème siècle et enseignant à l’école juive de Gérone en Catalogne, qui a systématisé l’usage d’un diagramme synthétique pour comprendre le monde et approcher la réalité (Mais l’origine du diagramme est beaucoup plus ancienne). Le nom d’arbre de vie est donné à cette représentation, en référence au récit de la Genèse.

" Il bannit l'homme et il posta devant le jardin d'Eden les chérubins et la flamme du glaive fulgurant pour garder le chemin de l'arbre de vie "
[Genèse 3,24]

L’arbre de vie est donc une voie d’accès à la Connaissance, c’est-à-dire à la compréhension du monde et de soi-même. C’est un moyen d’approcher la structure et les lois de l’univers. La philosophie de l’arbre de vie séphirothique est fondée sur l’idée que l’univers est constitué de différents niveaux, chacun correspondant à une réalité différente.

Cet aspect symbolique s’explique par le fait que le langage est limité et ne permet pas de faire comprendre directement certaines notions qui se trouvent au-delà des limites du monde physique. On ne peut donc pas expliquer certaines notions avec des mots, aussi savants soient-ils. Il faut réussir à provoquer une réaction dans l’esprit de l’apprentis à travers des images et des associations de concepts. Pour expliquer ceci, je fais souvent le parallèle avec la poésie. Lire un poème mot à mot en réfléchissant bien à la signification de chaque mot, de chaque phrase est le meilleur moyen de passer à côté de ce qui fait l’intérêt de la poésie, à savoir les émotions qu’elle génère quand on se laisse aller et qu’on s’immerge dans l’ambiance crée par les phrases. Et bien c’est la même chose avec les textes ésotériques, il ne faut rien prendre au premier degré. Quand on décriera la première Sephira comme une sphère céleste, il ne faut pas s'imaginer une sphère physiquement présente dans le ciel car c’est seulement un symbole qui favorise l'entendement humain.

L'arbre comprend 10 Sephiroth [Sephiroth est le pluriel de Sephirah]. Ces Sephiroth correspondent aux dix puissances créatrices énumérées par la Kabbale dans son approche mystique du mystère de la Création. Ce sont les dix niveaux de l’émanation ou de la manifestation divine décrite comme l’En Sof (l’illimité, l’infini). Selon la Kabbale, chacun a en lui, un pourcentage de chaque Sephirah. Il y a des Sephiroth qui s'annulent entre elles et d'autres qui se potentialisent. Ces principes sont le fondement même de la psychologie et de la condition humaine.

Ces 10 Sephiroth forment 3 Piliers. Dans les cérémonies initiatiques, les deux piliers extérieurs sont représentés par les deux piliers du Temple de Salomon, Boaz (« la force est en lui »), pilier noir à gauche et Yakhin (« il établit ») pilier blanc à droite). L'initié étant lui-même le troisième pilier, celui de la conscience, placé entre les deux autres.

L'arbre de vie est enfin traditionnellement divisé en quatre sections, séparés par trois voiles horizontaux (Un quatrième voile, le voile de l'existence, sépare l'arbre de vie lui-même du non-créé primordial, l'Ain Soph Aur. L'initié qui le franchit atteint Dieu, mais perd son existence. C'est pourquoi il est écrit que nul ne peut voir Dieu et vivre).

Nous commencerons par étudier les Sephiroth avant de nous intéresser aux piliers qu’elles forment et aux voiles qui différencient 4 sections distinctes appelées les Mondes. Quand nous aurons terminé avec l’Arbre de Vie, alors seulement on pourra débuter l’étude du Tarot. Quel lien me direz vous ? 10 Sephiroth pour des cartes numérotées de 1 à 10, 4 Mondes pour 4 couleurs et 4 cartes à figure, 22 chemins relient les différentes Sephiroth de l’arbre pour 22 Atouts majeurs… Coïncidences ?

Sephiroth

Les 10 Sephiroth de l'arbre de vie correspondent donc à dix étapes qui décomposent tout le processus de création. On les trouve originellement dans le Sefer Yetsirah, un très ancien traité de la kabbale juive qui décrit le processus de création du monde (J’utilise le mot « création » par soucis de simplicité mais il s’agit en fait d’émanation, la subtile différence entre les deux n’étant pas le sujet du jour). Dans ce livre, les Sephiroth n’avaient originellement pas de nom, juste un nombre (Les noms furent donnés ensuite, de manière chaotique et variée pendant un temps, puis furent fixés aux environ du 12ème siècle).

" Dix nombres primordiaux clos. Dix et pas neuf, dix et pas onze. Discerne avec sagesse et sois sage avec discernement. Examine avec eux deux et explore par eux deux. Met debout toute chose sur sa source et fais asseoir le Formateur sur sa base. "
[Sefer Yetsirah 1.4]

Dès le début de l’ouvrage le ton est donné et cette mise en garde sur le nombre n’est pas innocente. En effet, la kabbale est basée de manière intrinsèque sur les chiffres. De plus, les multiples interprétations dénotent un grand risque de se perdre assez vite dans les détails.

Issu de la Kabbale, l’Arbre de Vie présente deux sens de lecture :

  • Le premier, descendant, décrit un processus de création du macrocosme [l’univers], mais aussi du microcosme [l’Homme] par la diffusion d’une énergie primordiale au travers d’une matrice structurée. Celle-ci reliant 10 sphères [Sephiroth], par 22 sentiers [Qui correspondent aux 22 lettres hébraïques], formant ainsi ce qu’on appelle les 32 voies de la Sagesse.
  • Le second, ascendant ou d’évolution, nous ouvre la voie de l’élévation. En effet, en allant à la découverte de ce que peuvent-nous livrer les préceptes de l’Arbre de Vie, nous allons nous enrichir de l’énergie fournie par chaque sphère de Lumière que nous rencontrerons sur notre passage. L’Arbre des Sephiroth devenant alors un outil d’aide à la compréhension du monde et du travail à mener sur soi-même pour se réaliser, revenir à l’état initial, à la source de la Lumière, à l’illumination. C'est cette seconde approche que je vais développer dans la suite de cet article.

Pour être complet, il faut préciser qu’il existe un arbre inversé, l’Arbre de Mort [La Qlipah]. C’est un arbre miroir dont les racines se confondent avec celle de l’Arbre de vie au niveau de la dixième Sephirah, Malkouth. S'y aventurer est tout sauf une bonne idée !

Sephira 10 : Malkouth (Le Royaume)

Cette Sephirah est la base de l’Arbre, tout en bas de son pilier central. Elle symbolise le monde physique et matériel dans lequel nous évoluons et correspond à l’élément Terre. Bien que c’est par elle que je vais commencer mon explication, il faut bien garder à l’esprit quelle est la « dernière » à avoir été crée. Malkhouth est donc la somme de toutes les influences des autres Sephiroth.

Dans le monde de Malkouth, la vérité nous semble imposée. Ce monde dogmatique prône une totale résolution des mystères par la science et ne laisse que très peu de la place à l’Éveil, au Voyage Spirituel ou à la Quête Initiatique. Tout ce qui n’est pas Terre à Terre, élément « Terre » oblige, sera moqué ou regardé avec suspicion par la majorité.

Pour illustrer mon propos, je vais reprendre l’allégorie de la Caverne de Platon qui selon moi représente un parfait exemple de cette vision faussée du monde. Attaché au fond de la caverne et dos à la Lumière, l’homme ne distingue que des ombres qu’il croit donc être la réalité. Il lui faudra se libérer de ses chaînes et oser faire face à cette Lumière pour sortir de ses habitudes et de ce confort illusoire. A force de persévérance sur ce chemin, il finira par s’accoutumer à cette Lumière éblouissante et il découvrira le monde véritable ou devrais-je plutôt dire « les mondes ».

Pour celui qui souhaite s’initier, déchirer le voile et commencer à regarder au-delà de l’horizon physique, il y a deux facultés à développer dans Malkouth :

  • La première est le lâcher prise pour pouvoir devenir créateur. Ne pas rester prisonnier des règles et des normes mais savoir écouter ses envies, apprendre à se faire confiance.
  • La seconde est de savoir s’autoriser à bénéficier, à utiliser et à apprécier ce qu’il y a de meilleur dans le plan physique (C’est ce que beaucoup de spiritualistes ont du mal à comprendre).

Chacune de ces deux facultés présente un danger, une erreur à éviter. « Lâcher prise » ne signifie pas abandonner tout lien avec le monde matériel ou la société pour vivre en reclus comme un ascète. Il faut trouver un juste milieu. De même, « apprécier le matériel » doit se faire sans tomber dans l’Esprit de compétition, sans vouloir prendre au détriment des autres ou sombrer dans le matérialisme, ce qui est le chemin inverse, celui qui mène dans les profondeurs de l’Arbre de Mort.

L’ascension ne peut se faire avant de plonger dans son for intérieur. Pour monter vers la Lumière, il faut le vouloir vraiment. Or, nous ne désirons que ce qui nous manque ; il est donc nécessaire de se sentir dans les ténèbres pour éprouver le besoin d’en sortir.

Les sociétés initiatiques proposent souvent de déchirer ce premier voile par l’épreuve du cabinet de réflexion, dans un environnement très sombre avec une seule une faible lumière, souvent une bougie. Le profane doit mourir pour renaître à sa nouvelle vie d’Initié en faisant le point sur sa situation et en réfléchissant aux choses à entreprendre pour l’améliorer. Cette étape symbolique ne peut intervenir qu’après une réelle réflexion sur sa vie, ses aspirations, ses réussites et surtout ses échecs qui ne doivent pas être regardés négativement mais au contraire comme de précieux indicateurs pour avancer.

Quand le moment sera venu, (Si il vient car ça n'est pas donné à tout le monde, loin de là, beaucoup de gens ont un taux vibratoire tellement bas qu'ils ne peuvent quitter Malkouth et, ça tombe bien, il n'en n'ont ni l'idée ni l'envie !) la personne prendra conscience de l’existence d’un univers beaucoup plus complexe qu’il n'y paraissait. Le voile de l’initiation est levé et l’initié peut entre en Yesod, la prochaine Sephirah.

Sephiroth 7,8 et 9

Pour aller plus loin, nous devons aborder brièvement le symbolisme du chiffre 3 et le concept de triade.

Le symbolisme du chiffre 3 est présent dans toutes les civilisations, sous des formes assez semblables. Souvent associé à l’ordre, à la perfection, à l’achèvement, à la réconciliation ou à la fécondité, il permet la fusion du 1 et du 2, révélant un pouvoir quasi magique. Le chiffre 3 réconcilie les opposés, unit les contraires.

Ainsi, l’homme (1) et la femme (2) associés donnent l’enfant (3). Cette mise en relation de deux éléments qui conduisent à un troisième se nomme une triade. Une triade est donc un ensemble de trois éléments (personnes, idées, unités, divinités, ou choses) étroitement liés. Dans l’Europe chrétienne, une des triades les plus connues est la sainte trinité par laquelle le Dieu unique est représenté en trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit, égaux, participant d'une même essence divine et pourtant fondamentalement distincts (Nous y reviendrons tout en haut de l’arbre...). L’Arbre de vie repose sur ce concept de Triade et d’équilibre.

Revenons à nos Sephiroth. Yesod (9) naît de l’union de Netzach (7) et de Hod (8). Ensemble, ces trois Sephiroth constituent la troisième triade de l’Arbre de Vie. Ces trois Sephiroth font partie du Monde Psychique de la Formation et correspondent à l’élément Eau. Elles sont protégées par le voile de l’initiation (qui empêche le commun des mortels vivant dans le plan terrestre de les connaître).

Sephirah 9 : Yesod (Le Fondement)

Le premier chemin de l’élévation consiste donc à passer de Malkouth à Yesod. Yesod se trouve comme Malkouth sur le pilier central. Le parcours initiatique impose donc de commencer par franchir une première marche appelée « Le Seuil ».

C’est en Yesod que convergent et se concentrent les Sephiroth supérieures. En ce sens, Yesod est appelée « fondation » ou « fondement » de l’Arbre de Vie. Yesod, c’est donc le lieu de l'interface entre la conscience et le réel. Sa compréhension permet d’appréhender comment la conscience peut agir sur le monde réel (et inversement, comment le réel est perçu par la conscience).

Comprendre la nuance entre Yesod et Malkouth est la première véritable difficulté que rencontre le Kabbaliste sur le chemin de sa quête. Un exemple peut vous aider à saisir le concept. L’adage « Il faut manger pour vivre » est on ne peut plus vrai sur le plan scientifique (jusqu’à preuve du contraire, celui qui ne mange pas ne va pas vivre bien longtemps). Mais son application stricto censu est du domaine de Malkouth et justifie tout ce qui est nourriture industrielle, fast-food, donc une fonction purement physiologique, fournir du carburant au corps pour qu’il puisse fonctionner comme on met de l’essence dans la voiture pour pouvoir se déplacer.

Inversement ne peut-on pas « vivre pour manger » ? C’est à dire transformer l’obligation en raison d’être, en source de plaisir ? C’est bien sur possible puisque c’est le concept même de la gastronomie. Ainsi la chose qui paraissait « obligatoire » devient agréable et même si la fonction vitale est toujours présente, bien sur, on la double d’une fonction « plaisir » qui amène une satisfaction certaine. On est ici dans le domaine de Yesod.

Yesod est le fondement de l’arbre car cette Sephirah est directement en contact avec le monde matériel. Mais elle est surtout la seule Sephirah à servir de jonction entre le matérialisme pur et le spirituel (dans sa forme la plus basique, celle du plaisir des sens).

Sephirah de l'illusion et des émotions, Yesod exige bien vite qu’on réfléchisse au concept de « plaisir des sens », sinon la plongée dans les ténèbre de l’arbre de mort ne fait aucun doute (Trop manger de bonnes choses tue aussi sûrement que de ne rien manger). L’initié devra commencer par apprendre à voir au-delà du concret, à réfléchir au pourquoi des choses mais aussi aux conséquences.

Très vite vont se dessiner deux forces supérieures et contradictoires, d’un côté le plaisir des sens, de l’autre la maîtrise des sens. Sur le plan de la sexualité par exemple, une force poussera à se laisser aller au plaisir sexuel sous toutes ses formes (ce qui conduit généralement à une certaine déchéance du corps physique par épuisement ou maladie). L’autre force poussera à un strict contrôle de ses pulsions à travers de nombreuses règles de vie très strictes (Ce qui peut conduire à l’abstinence comme « victoire » de l’esprit sur le corps).

Yesod ne pourra s’équilibrer que si l’on arrive à balancer correctement les deux Sephiroth immédiatement supérieures. Yesod symbolise par exemple la nécessité de se rendre maître de sa libido, ce qui ne consiste en aucun cas à l’abstinence mais simplement à ne pas laisser ses choix dépendre de ses pulsions. Une fois cet équilibre réalisé, l’initié commencera à apercevoir de nouvelles sphères situées bien au dessus de cette triade du monde des Sens mais commençons par dire quelques mots des deux Sephiroth immédiatement supérieures, Hod et Netzach.

Le point essentiel est d’appréhender que ces deux Séphiroth n’ont de sens réel que dans leur interactions, du moins que l’une des deux n’a de sens que pour équilibrer l’autre. Prenons là aussi un exemple concret à titre d’image. Vous êtes dans le désert, mourant de soif. Un djinn apparaît et vous offre une gourde… vide ! Adieu… Autre cas, dans la même situation le djinn vous fait apparaître 5 litres d’eau ! Vous pourrez en boire un petit peu sur le coup bien sur mais le gros du liquide s’enfoncera dans le sable. Adieu… Votre seul espoir c’est d’avoir A LA FOIS la gourde et l’eau, l’eau, fluide vital et la gourde, barrière physique apte à contraindre l’eau à couler au rythme qui vous convient.

Sephirah 8 : Hod (La Gloire)

Hod se trouve tout en bas du pilier gauche, appelé « Pilier de la rigueur ». C’est la gourde de notre exemple précédent. Hod (soumission, gloire ou splendeur en hébreux) représente l’expérience du monde physique à travers le raisonnement. Les perceptions sensorielles invitent à profiter des énergies sensuelles de Netzach mais Hod est la force de caractère qui permet d’analyser les plaisirs, de les classifier, de les comprendre plutôt que de juste se laisser bercer par eux.

La huitième Sephirah est intelligence concrète. Hod est associée à la logique, aux systèmes formels, au rationalisme. Hod est axée sur le mental et le concret, c’est la capacité de ne pas se laisser arrêter par les obstacles en faisant preuve d’adaptation et de persévérance mais aussi la capacité à comprendre le risque des abus et donc à se contrôler. On l’appelle la Gloire car il est glorieux de résister à ses pulsions primaires.

Elle symbolise le long et pénible apprentissage qui permet de s’illuminer. Seul ceux qui ne se découragent pas pourront espérer atteindre la triade supérieure. Mais bien sur, un déséquilibre en faveur de Hod n’est pas une bonne chose car l’initié s’enferme dans ses recherches et perd contact avec la réalité. Celui qui peut classer avec précision ses 17 parfums de glace préférés en pouvant expliquer la raison de ce classement en terme de biologie cellulaire, de composés chimiques ou autres points scientifique à toute les chance de passer à côté du plaisir simple de déguster une bonne glace !

Sephirah 7 : Netzach (La Victoire)

Netzach se trouve tout en bas du pilier droit, appelé « Pilier de la miséricorde ». La septième Sephirah est la sphère des émotions, des sentiments et plus généralement des élans. C’est l’expérience du monde physique à travers le plaisir des sens.

Netzach est la Victoire car elle nourrit les tentatives de compréhension du corps matériel en fournissant une récompense à l’expérimentation : le plaisir. Mais attention aux errances de Netzach qui peuvent devenir coups de foudre irraisonnés ou projections (au sens de Jung, octroyer aveuglément à l'être aimé les qualités que l'on souhaite y trouver). Attention aussi au malin plaisir de fainéanter, il faudra de la volonté pour ne pas trop y succomber car le temps passe inexorablement et tant pis pour vous si vous perdez des jours à ne rien faire !

C’est la complémentarité entre Hod et Netzach, entre la rigueur mentale et la sensualité libérée qui permet de trouver l’équilibre, car, rappelons ici, avoir un tempérament équilibré est non pas le but final d’une vie spirituelle, mais belle et bien une condition préalable à la poursuite du voyage. Le bon équilibre trouvé, on pourra distinguer le second voile, le Paroketh. Il sépare les trois Sephiroth du monde psychique (Yesod, Hod, Netzach) de celles des domaines supérieurs. L'initié qui le franchit atteint la petite illumination, la naissance de Tiphéreth, en prenant conscience de sa nature profonde.

Sephiroth 4,5 et 6

Ces trois Sephiroth font partie du Monde de la Création et correspondent à l’élément Air. Elles sont protégées par le voile de la Paroketh qui les sépare des Sephiroth inférieures. Une fois que l’initié est parvenu à équilibrer ses pulsions, à maîtriser ses sens, il va pouvoir se concentrer en toute sérénité sur ses relations avec les autres. Car l’être humain est un animal social et comme pour la Triade précédente, il va falloir appréhender les deux forces opposés qui animent ce domaine pour parvenir à les équilibrer.

Sephirah 6 : Tipheret (La Beauté)

La sixième Sephirah est la sphère intermédiaire entre l’identité profonde, spirituelle de l’individu et ses sens connectés au monde matériel, entre l’esprit et la matière. En Tiphereth, la matière commence à se spiritualiser. C'est le macrocosme, c'est à dire le monde dans sa totalité.

Situé en plein cœur de l’Arbre de vie, la sixième Sephirah est intelligence médiatrice et union des influences. Elle est beauté, harmonie des formes et des idées. On entend ici par beauté, non pas la beauté physique qui était plus du domaine des sens et donc de la triade précédente mais la beauté « intérieure », c’est à dire avoir un beau rôle, de beaux gestes vis à vis des autres.

Tipheret nous enseigne que la meilleure relation possible avec les autres repose sur un subtil équilibre entre la compréhension, la main ouverte et l’exigence. En effet, si celui qui donne à tout le monde ne peut espérer finir autrement qu’épuisé, dévoré par la multitude, celui qui ne s’ouvre pas aux autres ou qui ne les voit que comme des outils pour son propre intérêt sera vite ralenti dans sa progression car on a toujours besoin d’un avis sincère, d’une main amicale pour nous aider à franchir un obstacle. En harmonisant rigueur et bonté, cette Sephirah implante donc la conscience en l’Homme.

Étant reliée à toutes les Sephiroth supérieures, c’est vraiment à partir de Tipheret qu’on peut commencer à appréhender les niveaux les plus élevés du monde de la Kabbale. Tipheret est un point d'équilibre mais aussi un carrefour, le lieu où la transmutation des énergies est possible. En ce sens elle est aussi associée au sacrifice (renoncer à un acquis matériel pour atteindre un état de conscience plus grand).

Sephira 5 : Guebourah (La Sévérité)

De cette Sephirah émane la force de la Restriction, de la Sévérité, de la Discipline et du Jugement. Guebourah a pour mission de rétablir une forme de justice en réduisant les excès de ceux qui attendent tout des autres lorsque cela est nécessaire afin que seul celui qui le mérite bénéficie de l’aide qui lui est due (Le fameux « Aide-toi et le Ciel t’aidera »). Concernant ce terme de Justice, n’oubliez pas que la justice n’est pas la punition en elle même mais la recherche du juste équilibre entre la faute et la peine.

La cinquième Sephirah est intelligence radicale. Elle est discriminante car elle permet de distinguer le bon grain du mauvais. Elle est force car elle disperse, guerre car elle oppose, chaos car elle détruit. Elle est courage car elle met à l'épreuve (Il est plus facile de faire semblant d’apprécier quelqu’un que de le repousser). Elle est souvent associée au principe du Mal et à Satan, l'Adversaire, "celui qui sème la discorde" en refusant de brader ses valeur pour être consensuel. Ceci ne signifie pas que Geburah soit "maléfique". Ordre et Chaos sont deux principes indispensables à l'équilibre du monde. De ce point de vue, il n'est pas étonnant que les mathématiques et la physique moderne s'en fassent aussi l'écho.

Guebourah est la Sephirah centrale du pilier de la Rigueur (Colonne de gauche). Elle est ce qui permet à l’être de maintenir sa propre identité au sein de la multitude. Souvent violente, elle incarne les puissances qui forment le corps et l’esprit, la guerre et la rigueur militaire (Comprendre par là les idéologies, les doctrines qui sont des moyens d’appliquer des idéaux théoriques dans la monde réel).

Sephira 4 : Hessed (La Miséricorde)

Hessed est la sphère de la bienveillance illimitée, de l'ouverture aux autres, du partage. C'est l'Amour véritable et la charité. Il va de soi que la bonté et la miséricorde passent nécessairement par le don. Dans l’Arbre de Vie, Hessed se trouve au centre de la Colonne de la Miséricorde, colonne de droite qui porte son nom. Nous retrouvons ce principe lorsque qu’il arrive le temps de nous réunir pour former la chaîne d’Union, la main droite « donne » et la gauche « reçoit ».

Associée à Jupiter, Hessed représente aussi l’expansion, l’inspiration, voir l’excès. Derrière Hessed, il y a toujours l’envie d’approfondir plus les expériences, d’agrandir son champ de vision et de voir ce qu’il y a derrière l’horizon et rencontrant toujours plus de nouvelles personnes. Ce phénomène est nécessaire pour nous permettre d’accroître nos connaissances et notre compréhension, cependant il peut également représenter un effet négatif de superficialité (le temps étant limité, plus on fréquentera de gens et moins on aura du temps pour chacun, donc moins la relation sera profonde…) ou de trop grande spécialisation (le temps étant limité, plus on étudiera un domaine précis et pointu, moins on conservera une vue d’ensemble…).

C’est la complémentarité entre Guebourah et Hessed, entre l’ouverture à tous et le choix rigoureux de ses relations qui permet de trouver l’équilibre, car comme déjà vu à la triade précédente, avoir un tempérament équilibré est non pas le but final d’une vie spirituelle, mais belle et bien une condition préalable à la poursuite du voyage. Le bon équilibre trouvé, on pourra distinguer le troisième voile, celui de la Conscience. Il sépare les trois Sephiroth du monde de la Création (Tipheret, Guebourah, Hessed) de celles des domaines mystiques. L'initié qui le franchit atteint l’illumination, la non-Sephirah Daath, en prenant conscience des énergies primordiales.

Daath

Tout va se compliquer à présent. Vous avez du voir une certaine symétrie jusque là. En faisant abstraction de Malkouth, vous avez du remarquer par deux fois qu’un monde comporte 3 Sephiroth, une sur le pilier central qui résulte de deux énergies opposées symbolisées par deux Sephiroth se trouvant légèrement plus haut, l’une sur le pilier de droite et l’autre sur le pilier de gauche.

On l’a vu, Yesod ne pourra s’équilibrer que si l’on arrive à balancer correctement les deux Sephiroth immédiatement supérieures, Hod et Netzach. De même, c’est la complémentarité entre Guebourah et Hessed qui permet d’équilibrer Tipheret. On pourrait donc pour le monde supérieur s’attendre à une troisième répétition de ce schéma mais il n’en n’est rien.

La Kabbale étant une construction abstraite et mathématique, il va de soit qu’elle a peu de chance de présenter des « anomalies ». Et si vous reprenez le premier paragraphe de ce chapitre, vous allez remarquer un bout de phrase qui aurait du vous choquer : «  en faisant abstraction de Malkouth ». Une théorie ne peut pas s’expliquer « en faisant abstraction de ». Un élément qui n’est pas à sa place est soit un indice que vous faite fausse route, soit un indice qu’il y a quelque chose de caché, d’occulte…

Et en parlant d’occulte, une des maximes les plus importantes de ce domaine est celle connue par son acronyme : VITRIOL (Visita Interiora Terrae Rectificando Invenies Occultum Lapidem) qui signifie Visite l'intérieur de la terre et, en rectifiant, tu trouveras la pierre cachée.

Rappelons nous aussi, ça a été dit en introduction, que la Kabbale est une approche mystique du mystère de la Création. Elle symbolise donc la matérialisation des énergies « divines », ce que les juifs et les chrétiens traduisent par la chute adamique. Quand Adam et Eve sont renvoyés de l’Eden, ils tombent dans le «monde terrestre», dans Malkuth. On peut donc imaginer la création en deux temps. Le premier qui va du «Fiat Lux» jusqu’au péché originel, puis, le second, du péché originel à aujourd’hui. Au moment du péché, c’est toute une partie de la création de Dieu qui «tombe», c’est le pilier du milieu qui descend d’un niveau (sauf pour Kether) et qui crée le déséquilibre, qui casse l’harmonie pourtant intrinsèque du pilier du milieu.

Que se passe t’il si on « rectifie » l’arbre en remontant d’un niveau chacune des 3 Sephiroth du pilier central que nous avons déjà vu ? Allons découvrir une « pierre cachée » ?

Une chose est sure, on obtient quelque chose de beaucoup plus symétrique, de beaucoup plus parfait. On obtient une figure où il n’est absolument plus besoin de « faire abstraction de ». Vous voyez sans doute à présent de manière assez évidente qu’il y a donc un trou dans l’arbre de vie, un espace vide au centre du carré formé par les Sephirath 2, 3, 4 et 5. Ce « trou » divise le monde kabbaliste et ésotérique. Il s’agit de Daath (ou Da’ath, ou Daas, Daat… comme vous voulez). Daath signifie «La connaissance».

Le Sefer Yetsirah nous a mis en garde : «  Dix nombres primordiaux clos. Dix et pas neuf, dix et pas onze. Discerne avec sagesse et sois sage avec discernement. ». Daath ne doit donc pas être considérée comme une sphère à part entière, mais plutôt comme une non-séphirah. Parfois notée en transparence, parfois en pointillés, voir, pas notée du tout, laissant un espace vide dans l’arbre, entre les 7 premières et les 3 dernières sphères.

Alors que faire de Daath ? L’ignorer ? L’utiliser ? L’ouvrir ? Et si nous considérions que Daath, n’est pas une sphère, mais un emplacement libre ? Un vide qu’il faut remplir, oui, mais remplir avec quoi ? Son statut la rapproche du fruit de l’arbre de la connaissance dans la Genèse, la connaissance dans le sens gnostique de terme. Elle devient un lien, entre Binah et Chokmah, qui forment à eux trois un nouveau Ségol, un triangle équilatéral pointe en bas, symbole d’équilibre.

«Le daat n’est pas le savoir positif et statique mais le ressenti, ce que l’on nomme aujourd’hui, l’intelligence émotionnelle, résultant d’une expérience existentielle. La joie ou la tristesse que nous ressentons, par exemple, lors d’une rencontre, d’une lecture ou de tout autre événement.»
- Marc Alain Ouakinin – Mystères de la kabbale -

Aleister Crowley, initié à la G.·. D.·. (Golden Dawn) garde de cet enseignement, principalement issu des travaux d’Eliphas Levi, l’idée qu’il existe un voile masquant la lumière divine. Dans cette vision un peu particulière et différente de la kabbale «classique», l’adepte doit relever le voile en franchissant l’abîme (aussi appelée l’abysse). Cette abîme est, pour lui, Daath.

Saisir l’essence des trois Séphiroth supérieures nécessite de traverser l’abîme en Daath. Il convient pour y parvenir, de comprendre que le monde matériel n’est que perception et donc,une illusion, un mensonge. C’est une forme de mort, la mort décrite au 3ème chapitre de la genèse :

La femme répondit au serpent: « Nous mangeons les fruits des arbres du jardin. Mais, pour le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin,
Dieu a dit: 'Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez.' ”»
Le serpent dit à la femme: «Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront,
et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal.»

C’est sans doute le passage le plus ardue pour qui explore l’Arbre dans un sens ascendant. Il faudra un certain temps pour commencer à comprendre ce que signifie vraiment tout ce que vous venez de lire. A ce moment là, vous percevrez que le parfait équilibre de Tipheret ne dépend pas seulement de Guebourah et Hessed mais aussi de deux énergie beaucoup plus subtile. Appréhender ça, comprendre ça, c’est traverser Daath. Peu y parviennent.

Sephiroth 1, 2 et 3

Pour conclure cette première approche de l’Arbre de vie il faut dire quelques mots des 3 Sephiroth supérieures. Comme vous l’avez surement compris, plus on monte dans l’arbre, plus on s’éloigne de notre monde matériel et donc moins le langage est apte à décrire les notions dont il est questions. Pourtant au fil de l’initiation, ce qui aujourd’hui est sûrement très obscure s’éclairera...

Pour des raisons liées à la nature même de ces trois Sephiroth, nous allons inverser le sens de la description, descendre de 1 vers 3. Ceux qui aurons déjà noté que le triangle supérieur est inversé comprendront aisément la raison de ceci.

Sephira 1 : Kether (La Couronne)

Le premier aspect de la lumière à se manifester dans le vide est l’expression du désir de Dieu de créer l’univers. Ce premier aspect de la Lumière est comme un rayon de lumière qui se forma rapidement en une sphère lumineuse encerclant le vide. Ce premier aspect de la création est le premier filtre ou la première Sephira que Dieu utilisa afin de canaliser sa Lumière Divine.

Je rappelle que la Kabbale est profondément liée au monothéisme judaïque MAIS rien ne vous empêche de remplacer la divinité par l’énergie primordiale du Big Bang. Dans les deux cas, on a un « avant » qui n’est ni explicable ni descriptible et une sorte de point zéro ultra majoritairement fait d’une énergie qui contient tous les potentiels en elle.

Située tout au sommet de l’arbre, la couronne est donc le point d'entrée par lequel l’énergie de la création a pu se manifester dans le monde sans le brûler. C’est l’énergie brute qui n’a ni apparence ni substance. Tout provient de là. La couronne fait ainsi référence aux choses qui sont au-delà de ce que l'esprit a la capacité de comprendre.

Kether nous informe qu’il existe des forces au-delà de ce qu’on peut saisir mais que nous avons une connexion possible avec ces forces. C’est un concept qu’on retrouve dans celui, oriental, du 3ème œil. Pour exemple, on peut noter qu’en Inde, le troisième œil est appelé jnana chakshus, l’œil de la connaissance. Il est localisé au niveau du sixième chakra, dit « ajna chakra ». Les divinités ou les saints sont là-bad représentés avec un point ou une marque sur le front à cet effet. Chez nous Kether peut être relié à l’auréole des saints qu’ont pu percevoir certains clairvoyants au-dessus d’êtres exceptionnels par leur pureté.

Kether est tellement abstraite qu'elle est désigné dans le Zohar comme « la plus cachée des choses cachées ». Sa nature réelle est complètement incompréhensible à l'homme.

Ce qui est plus compréhensible, c’est la signification de la couronne. Cet attribut représente généralement la légitimité du Roi. Elle permet de différencier le vrai roi des orgueilleux et des prétentieux qui pourraient prétendre l’être. Le roi gouverne à son peuple et quand le roi donne une direction, seul le fou tentera d’inverser la marche du peuple. Kether c’est donc aussi la prise de conscience du flux de l’énergie et de l’importance d’aller dans le sens de ce flux. Celui qui ne construit pas dans le sens des énergies construit pour rien et ce qu’il construit disparaîtra avec lui...

Sephira 2 : Hochmah (La Sagesse)

Siégeant au sommet de la Colonne de droite, celle de la Miséricorde, Hochmah est la prise de conscience de l’unité transcendante. Elle est l’expansion directe de Kether. De point unique d’énergie on passe à la ligne, aux lignes. La puissance absolue concentrée dans la couronne devient par l’ajout d’un second point un vecteur de force brut, d’énergie non canalisée.

En Hochmah on trouve la source de l'imagination et de l’intuition. La force de création qui pour le moment n’a ni objectif ni réflexion. C’est la construction pour la construction, c’est l’augmentation sans fin de la taille de l’Empire d’Alexandre ou de Gengis Khan. Hochmah est la source potentielle de toute action, de toute création, qui devra pour durer être fécondé dans la matrice de Binah.

Hokhmah est un terme hébreu qui signifie « Sagesse » mais pour la Kabbale il est question de la « Hockmah nitsarah », la « Sagesse cachée ». La Hokhmah symbolise donc plutôt la Sapientia, l’omniscience et l’omnipotence divine sans recours à un enseignement extérieur et non pas la Sagesse au sens européen du terme.

La deuxième Sephirah est expansion, une déferlante dans laquelle tout existe de manière indifférenciée. Chokmah représente l'élan premier, le flux inexorable, le concept-père qui contient potentiellement tous les autres, le principe masculin.

Dans la Kabbale, Hochmah est associé au cerveau droit : le cerceau instinctif et inspiré.

Sephira 3 : Binah (L’intelligence)

Binah est la Sephira la plus élevée sur la colonne de gauche, la colonne de la Rigueur, qui nous relie au Passé et à la matière, au concret. Binah est le monde des principes liés à la matière, aux lois naturelles, des idées reçues. C’est le monde de la Causalité. En ajoutant un troisième repère, la droite devient plan. C’est Binah qui structure le mental et permet de planifier pour se construire et à terme construire dans le plan physique.

En Binah, la troisième Sephirah s'effectue la cogitation et la spéculation de tout ce qui provient de Hochmah, sa symétrique. Binah, c'est l'Intelligence au delà de l'humain, la compréhension de la nature réelle, de l'étincelle divine qui est en nous. C’est la mort symbolique de l'initiable, la destinée, ou le karma si on préfère ce terme oriental, le principe de la forme au delà de la forme. C'est la sphère où l'on se libère véritablement des trois dimensions de l'espace, et de celle du temps.

Dans la Kabbale, Binah est associé au cerveau gauche : le cerceau rationnel et pragmatique.

Mais quand l’homme s’attache trop à des formes qui ont probablement données des fruits dans le passé, mais qui sont aujourd’hui caduques, archaïques, il se retrouve sous l’influence altérée de Saturne et nourrit les régions ténébreuses de Binah qui apportent la cristallisation et l’immobilisme. C’est ce qu’on appelle le dogmatisme ! Pour pouvoir dépasser les idées reçues, les anciennes programmations, qui nous apportent toujours les mêmes résultats mais qui en même temps nous donnent de confortables points de repère pour pouvoir avoir un certain équilibre, nous devons accepter de toujours élargir notre champ de possibilités.

Hochmah agit bien sur en polarité avec Binah pour maintenir ensemble l’équilibre de l’Arbre de Vie. Selon Descartes, l’esprit et la matière sont deux choses radicalement distinctes qui ne se rencontrent qu’en un seul point, le cerveau humain qui pense tout en étant composé de matière. Quand cet équilibre entre instinct et raison se fait, on maîtrise le quatrième point, celui qui permet de déterminer la notion de temps. Là seulement on pourra être en mesure de traverser Daath sans se perdre...

Conclusion

Comprendre le fondement de l'Arbre de vie et la signification symbolique de ses 10 sphères est un préambule incontournable pour qui veux étudier le tarot. En effet il y a un nombre de relations assez significatives entre les deux. 4 Mondes pour 4 Couleurs symbolisant le spirituel (Feu des torches), le relationnel (Eau des coupes), l’intellectuel (Air des épées) et le matériel (Terre des deniers). 22 arcanes majeurs pour 22 chemins entres les Sephiroth de l’Arbre de vie. 10 Sephiroth pour 10 cartes numérotés et 4 voiles pour 4 « Figures » (Valet, Cavalier, Dame et Roi).