Le terme "travesti" est composé du préfixe "trans-" signifiant "passer d'une condition à une autre", et de "-vesti", signifiant "vêtement". Il désigne donc la personne vêtue de vêtements traditionellement attribués à l'autre sexe. C'est le mot "traditionellement" qui a donc ici son importance puisque finalement la définition de "travesti" relève de la mode. Ainsi à l'époque de Louis XIV, les hommes portaient des chaussures à talon typiquement féminine aujourd'hui. En Écosse le Kilt c'est viril alors que c'est pourtant bien une sorte de jupe ! En Afrique et en Arabie, les hommes portent des styles de vêtements longs qui sont clairement de style féminin chez nous. N'oublions pas aussi qu'au 19ème siècle en France, pour porter un pantalon, la femme devait demander une autorisation de... travestissement !

Ceci dit on sent bien qu'il n'y a pas qu'une simple question de "mode". Il n'est pas à la mode de porter des cheveux verts (Encore qu'avec le Joker, ça pourrait venir...) mais l'homme qui sort avec des cheveux verts sera surement moins embêté que celui qui sort en robe. La notion de s'habiller en femme fait en effet intervenir un élément qui s'avère vital pour beaucoup d'hommes (et de femmes aussi), la virilité ! Le gars aux cheveux verts aura surement droit à pas mal de qualificatifs (Ridicule, débile, moche, excentrique...) mais celui en robe aura droit à des attaques visant avant tout sa sexualité supposée (Tafiole, PD, Tapette...). C'est la simple conséquence de 2000 ans de monothéisme patriarcale qui ont imposé le concept de la supériorité de l'homme sur la femme. Du coup Monsieur tout le monde peut comprendre qu'une femme veuille "faire l'homme" (Et comprendre, c'est le premier pas vers accepter) alors qu'à l'inverse il ne comprend pas qu'un homme puisse avoir envie de "s'abaisser au rang de femme".

Pourquoi se travestir ?

Il faut savoir que si certains se travestissent par plaisir ou amusement, d'autres en ont un besoin vital. Ceux qui veulent creuser la notion de genre peuvent lire cette page mais pour simplifier à l'extreme disons qu'indépendament de son sexe biologique, on peut se sentir plus ou moins proche de l'archétype masculin ou féminin (archétype ça signifie construction sociale, définition que la société a choisi pour qualifier chacun des deux sexes, ça n'a donc rien de "réel" comme le sexe biologique, c'est purement normatif). Alors tant que ça n'est pas le grand écart entre sexe biologique et comportement, ça se passe bien (Il semble assez évident que tous les hommes ne se sentent pas obligés de ressembler à des chefs de guerre pour exister) mais si l'écart est trop important, la situation devient vite délicate et l'intolérence sur le sujet conduit à pas mal de drames regrettables.

Quelqu'un m'a demandé un jour si ça ne me génait pas de me travestir "pour m'amuser" alors que la question du genre est un véritable drame pour d'autres. Et bien je pense que c'est en montrant justement qu'on peut se travestir pour le plaisir, tout en précisant quand c'est nécessaire qu'on est conscient de l'aspect douloureux que ce concept revet chez certains, qu'on peut faire positivement avancer les choses. Le quidam a souvent l'impression que celui qui se travestit est un paumé qui a tout raté et ne sait même pas qui il est. Montrer que certains assument parfaitement de se travestir et sont prêt à se comparer avec le crétin moyen sur des domaines comme la réussite sociale, le niveau culturel ou tout simplement le niveau de bonheur dans leur vie ne peux que faire avancer positivement les choses. Il n'y a pas pire stratégie que de s'interdire de le faire car c'est conforter les gens dans l'idée que c'est un truc honteux qu'on doit absolument cacher ou réprimer.

Carnaval et Crossplay

Ceci dit, il est évident qu'un homme qui a envie de s'habiller en femme cherche à répondre à une pulsion, quelle que soit la raison évoquée pour se travestir. Et cette pulsion est bien plus répandue qu'on le pense, il suffit de voir le nombre d'hommes travestis lors de carnavals. MAIS, en général, le travestissement de carnaval est caricatural. On garde la barbe, on en fait surtout pas trop pour ne pas faire trop féminin quand même, pour ne pas éveiller de doutes. Toujours le même processus mental en arrière plan, je peux m'habiller en femme mais uniquement pour me moquer, pour accentuer le côté inférieur de la femme sur l'homme, pour bien souligner qu'une serviette ne peux pas être confondu avec un torchon, même si on l'habille comme tel.

Le crossplay, terme moins connu, est un cas particulier de cosplay dans lequel le cosplayeur incarne un personnage d'un genre qui n'est pas le sien, que ce soit une femme portant le costume — et jouant le rôle — d'un personnage masculin ou l'inverse. Au Japon, où le travestissement est beaucoup mieux accepté qu'en occident, le crossplay est assez courant et le crossplayer tente de ressembler vraiment à son personnage. Aux USA les crossplayeurs vont plutôt travestir le personnage (par exemple un homme va incarner un Dark Vador travesti avec pas mal de rose et un badge Hello Kitty) et/ou à conserver un second degrés manifeste (Barbu incarnant un personnage féminin) afin de ne pas trop faire 'travesti' comme ça se fait pour le Carnaval. En Europe le crossplay reste beaucoup plus marginal, beaucoup de gens en étant encore a penser qu'un homme incarnant un personnage féminin est obligatoirement un homosexuel refoulé...

Travestissement et respect de l'image des femmes

Un reproche récurent au travestissement est que ça donne généralement une bien piètre image de la femme. Dans l'imagerie populaire, le look du travesti c'est généralement talon aiguille et mini jupe associés bien souvent à un rasage douteux et/ou des jambes pas épilées. De plus le comportement ouvertement tapineur donne l'impression que se travestir, c'est plus ou moins insinuer que la femme n'est qu'une pute hypersexualisée. C'est Cette déscription peu flateuse est malheureusement exact MAIS... Si vous prenez 1000 hommes parfaitement au hasard, vous devez bien sentir qu'il y aura beaucoup plus de gros beaufs aimant boire une bière tiède en parlant de cul avec leurs potes que de dandys sophistiqués. Si vous prenez 1000 femmes parfaitement au hasard, vous devez bien sentir qu'il y aura beaucoup plus de mémère en jogging ni coiffées ni maquillées regardant de la télé réalité que de femmes cultivées et joliment apprétées. C'est valable pour plein d'exemples et donc bien sur pour les travestis mais ça ne justifie pas de mettre tout le monde dans le même panier. Bien au contraire, il faut de tout pour faire un monde, le truc étant de trouver ceux qui partagent votre manière de voir les choses et d'ignorer les autres au lieu de se lancer dans des conflits stupides ou des généralisations à l'emporte pièce.

Le vrai message dans tout ça, c'est que beaucoup de gens qui ne sont pas dans la norme ne souhaitent qu'une chose, le droit à l'indifférence. Malheureusement c'est l'inverse qui se passe actuellement, on a des clivages de plus en plus violents liés à une majorité paralysée par le "politiquement correcte" et des ultra minorités jouant la provoc et gueulant le plus fort possible en s'imaginant parler au nom de tous les gens de "leur groupe" (Et pourtant c'est carrément l'inverse, tous les homosexuels par exemple n'ont pas comme rêve ultime de pouvoir défiler sur des chars, à poil et une plume dans le cul devant tout le monde, c'est même seulement le phantasme d'une ultra minorité d'homos mais on entend qu'eux ! ).

Au delà du Travestissement

Jusqu'à présent, il a été question d'hommes s'habillant en femme, ce qui est le cas d'Ophidia. Mais pour certaines personne, l'objectif depasse largement la simple apparence vestimentaire. Il est alors question de prise d'homones qui vont modifier la pilosité et provoquer des changements physiques (Apparition d'une poitrine...), voir d'opérations chirurgicales complexes amenant à un complet changement de sexe. Les personnes qui sont dans cette voie sont dites "Trans" ou "T-Girl". T-Girl est le terme qui semble le plus apprécié.

Les termes "Shemale" et "Ladyboy" sont extremement péjoratifs ! Ils désignent une personne ayant à la fois des seins et un pénis, mais d'une manière qui sous entend que sa seule utilité est de faire du Porno... C'est pour ça que dans certaines scéne, Ophy pourra être traitée de Shemale, à prendre comme une insulte donc et pas au sens strict du mot puisqu'elle n'a pas de sein.

Il existe un débat récurent sur le fait qu'on doit continuer, ou pas, à appeler Trans une personne qui a été au bout du processus et a donc fait remplacer son sexe masculin par un sexe féminin (ou l'inverse). Par le simple fait de la lourdeur du processus médical et psychologique nécessaire pour en arriver jusque là, je pense que la moindre des choses est d'appeler simplement ces personnes des femmes ou des hommes car elles plus que quiconque ont, il me semble, gagné ce droit !

"Sissy" est un terme d'origine américain, péjoratif, qui caractérise un garçon qui ne fait pas preuve d'une grande virilité (Trouillard, peu sportif, paniquant vite...) et/ou ayant des centres d'intérets traditionellement féminins (Couture, esthétique, bijoux fins...). Le mot a pris son sens péjoratif vers 1885-90 (Avant il signifiait seulement "Soeur"). Dans les années 1930, il n'y avait pas plus accablante insulte que d'être traité de "sissy".

La sissification consiste donc à accentuer de manière outrancière des caractéristiques supposées féminines sans pour autant chercher à faire ressembler l'homme à une "vraie" femme. Il s'agit généralement d'une humiliation qui peut consister à le maquiller outrageusement mais sans perruque ou à l'habiller d'un minishort ultra moulant et/ou de lui faire porter beaucoup de rose. Ça n'est donc pas tant la tenue qui définie la Sissy que le but, à savoir humilier un homme en lui donnant quelques caractéristiques typiquement féminines mais sans chercher à la travestir (perruque + pas rasé OU rasé et maquillé mais sans perruque par exemple). La Sissy est un 3ème genre, une créature ni "féminine" ni "masculine", par essence soumise aux hommes comme aux femmes.

La femellisation est un grand classique du BDSM qui consiste a imposer à un homme (ou à une femme) un certain nombre de choses qui sont traditionellement associées à l'être hypersexualisé de type "grosse salope" que la société à créé de toute pièce pour faire de l'argent à travers la pornographie et la publicité. Femelliser un homme, ça n'est pas jouer sur la honte de n'être ni homme ni femme comme c'est le cas des Sissy, femelliser c'est transformer un être humain en objet sexuel, en poupée gonflable. La femellisation implique l'utilisation de tenues très sexualisées (Prostituées des rues, Servante délurée, Latex...). Les prothèses mammaires sont toujours de très forte taille. On peut aussi citer dans les grands classiques de la femellisation le collier de chienne, la restriction de langage, l'obligation de faire le ménage et la vaisselle ou de cuisiner le cul à l'air et de servir à table et sous la table.

Contrairement à ce que pensent certaines personnes, la femellisation n'est donc pas un manque de respect vis à vis des femmes mais bien un jeu et une critique de l'hypersexualisation de notre société. Pour preuve, la "femelle" peut être à l'origine un homme ou une femme et elle va servir indistinctement des hommes et des femmes. Il n'est pas question ici d'un troisième genre comme pour la Sissy, il est ici question de transformer un humain en objet sexuel qui n'a pas à proprement parler de genre mais qui va servir au plaisir des hommes comme des femmes.

La féminisation consiste à transformer l'homme en "vraie" femme. Il s'agit ici d'aquérir les manières de marcher, de bouger et de parler d'une femme respectable, voir distinguée. On va ici faire porter à l'homme de belles robes et des prothèses de sein de taille adapté. Généralement ce type de féminisation va de paire avec de strictes punitions à chaque fois qu'une chose jugée trop masculine se produit mais on puniera tout autant toute vulgarité. La féminisation est un hommage à la féminité, c'est tout l'inverse de la femellisation.